C’est en partie parce que, à la suite d’une longue prospérité agricole et d’une période étendue de hauts prix, beaucoup de propriétaires, en France et en Angleterre ont trop oublié leur mission qu’il est devenu si difficile de trouver des fermiers solvables.
Quant à la disparition du fermage, elle n’est nullement désirable. Elle romprait tout lien avec la terre d’une partie des classes les plus intelligentes de la nation, de celles qui ont ou peuvent avoir l’esprit le plus ouvert au progrès et aux connaissances scientifiques, à savoir la plupart des hommes qui exercent les professions libérales, un grand nombre d’industriels et de commerçans Beaucoup de ces hommes peuvent utilement s’occuper, comme il a été dit plus haut, d’une propriété affermée et ne sauraient se charger complètement de son faire-valoir direct quand les propriétés qu’ils peuvent avoir ne se trouvent pas dans le voisinage strict de leur résidence. Or, quelle que soit l’importance de la division du travail, il est d’un haut intérêt économique et social que la population rurale, ne serait-ce que pour prévenir la torpeur intellectuelle, reste en contact fréquent avec la partie de la population qui, par ses occupations habituelles, a le plus la pratique soit des grandes affaires bien conduites, soit des recherches et des expériences scientifiques, soit des fluctuations économiques, soit enfin de la comptabilité rigoureuse. Rompre tout lien entre le sol et cette partie de la nation, ce serait nuire au premier et à la seconde, compromettre les progrès culturaux, détruire la plus utile influence réciproque que doivent exercer, l’une sur l’autre, la classe rurale et la classe adonnée aux professions qui entretiennent le mouvement dans l’esprit et le développement des connaissances.
La deuxième fonction sociale de la fortune consiste dans les œuvres de patronage et de philanthropie rémunératrice. Ce mot de «philanthropie rémunératrice » peut étonner quelques personnes et prêter au sarcasme. Il est, cependant, très exact que les hommes riches rendraient de grands services sociaux, — quelques-uns en rendent d’ailleurs, — en s’acquittant de la tâche que nous désignons ainsi. Une partie des revenus des classes riches (nous parlons toujours des revenus et nullement des capitaux) doivent être consacrés à des entreprises d’utilité générale et populaire, qui, néanmoins, peuvent, bien gérées, produire une rémunération modeste, mais convenable.
Il se rencontre nombre d’œuvres qui peuvent être, dans une