Saxe, Bavière et Palatinat), en vue d’aider l’Autriche à reconquérir la Silésie : concours de la France non pas armé, mais pécuniaire, au moyen d’un subside fourni pour subvenir aux frais de l’entreprise, et en retour de ces facilités prêtées aux vues de la cour de Vienne, un établissement princier assuré dans les Pays-Bas, à l’infant gendre de Louis XV, pour remplacer les duchés de Parme et de Plaisance que le traité d’Aix-la-Chapelle lui avait conférés. Une seule des offres précédentes fut omise : c’était la promesse de favoriser l’élection du prince de Conti au trône de Pologne ; le roi de France (par une indifférence surprenante, difficile à concilier avec son action secrète) n’ayant paru y attacher aucun prix, et ce point étant particulièrement malaisé à faire accepter à la Russie.
À cette communication, qui ne devait rien ajouter à ce qui était déjà connu, Bernis se vante dans ses Mémoires (et cette assertion est pleinement confirmée par les dépêches de Stahremberg) d’avoir opposé tout de suite une demande en quelque sorte reconventionnelle très difficile à écarter, mais qui en altérait sensiblement l’économie. C’était la reconnaissance préalable d’une parfaite réciprocité acceptée sur tous les points, entre les deux parties contractantes. Si la France renonçait explicitement à toute alliance avec la Prusse, l’Autriche de son côté se détacherait d’une manière tout aussi formelle et dans la même mesure, de toute alliance avec l’Angleterre. L’insistance de Bernis à cet égard fut même singulièrement pressante, car, Stahremberg ayant déclaré, en réponse à une première ouverture, que ses instructions ne lui permettaient pas de satisfaire à une exigence à laquelle il n’était pas préparé, il dut rester convenu entre eux que rien de ce qu’ils pourraient arrêter ne serait regardé comme définitif, tant que cette condition sine qua non ne serait pas remplie. La réciprocité ainsi entendue entraînait deux conséquences qui, bien que l’une et l’autre assez difficiles à accepter pour l’Autriche, n’étaient pourtant pas également graves.
En premier lieu, si la France s’engageait à laisser, en regardant faire et en se croisant les bras, les armées autrichiennes entreprendre d’enlever la Silésie à Frédéric, malgré la garantie qu’elle avait promise à Aix-la-Chapelle et, depuis lors, renouvelée à plusieurs reprises, l’Autriche, à son tour, devait assister avec la même indifférence à toute attaque portée par la France contre les possessions du roi d’Angleterre, fût-ce même celles qui faisaient partie du corps germanique dont l’empereur avait la garde officielle. C’était une promesse dont l’exécution aurait pu être pénible à remplir devant l’Allemagne inquiète et soupçonneuse. Au fond cependant, comme il ne s’agissait que du Hanovre et comme il était