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sion aux lois. La lutte peut être entreprise par des procédés moins incertains.

La restauration d’une race dégénérée, — le retour à la médiocrité, comme on dit, — peut s’effectuer par des croisemens avec des individus de races saines. M. Sanson a montré, par de bons exemples tirés de la zootechnie, que l’hérédité des caractères biologiques, et même peut-être du sexe, est en général sous l’influence des conditions de nutrition des générateurs. C’est le plus fort qui entraîne la ressemblance de son côté. On peut admettre que dans une union comprenant un facteur morbide, c’est le facteur sain qui a le plus de chance de l’emporter, d’autant plus qu’il a en sa faveur l’hérédité atavique de l’autre côté. Mais est-ce parce que à notre époque les élémens absolument sains sont rares ? est-ce pour tout autre raison ? Ce qu’on voit d’ordinaire, c’est qu’à ces croisemens les bons ont plus de chances de perdre que les mauvais de gagner.

Ce ne sont pas seulement les croisemens heureux qui sont capables de réaliser le retour à la médiocrité. On peut voir dans une famille de dégénérés les enfans naître de moins en moins défectueux à mesure que les conditions biologiques des parens s’améliorent. Que les troubles de la nutrition aient une influence nuisible et qu’inversement toutes les améliorations de la nutrition soient susceptibles de se traduire par une amélioration corrélative des produits, il n’y a d’ailleurs là rien qui doive surprendre. La génération est en somme le résultat d’un excès de nutrition : les organismes inférieurs, en absorbant dans le milieu où ils vivent plus d’élémens qu’il n’en faut pour réparer leurs pertes, augmentent de volume ; quand cette augmentation dépasse une certaine limite, l’individu se fragmente pour former des êtres nouveaux. Le procédé est beaucoup plus complexe chez les animaux supérieurs, mais il est au fond le même ; et Hæckel a pu appeler la reproduction une excroissance de l’individu. Les meilleures conditions de la génération sont les meilleures conditions de la nutrition. C’est à la régularité de la nutrition des feuillets blastodermiques et de leurs dérivés qu’est due la régularité de leur plissement, et encore la régularité de leur évolution ultérieure. L’arrêt du développement d’une seule cellule aux premières périodes de l’évolution est susceptible de déterminer des difformités graves.

Les faits observés dans les familles humaines, où on voit des dégénérés donner naissance à des produits de moins en moins défectueux à mesure que leurs propres conditions de nutrition s’améliorent, indiquent que sous l’influence d’une suractivité nutritive des organismes défectueux peuvent fournir une épigé-