le séjour de Fontainebleau, à la fin de 1810, pendant les fêtes des Tuileries et de Trianon pour célébrer la naissance du roi de Rome, la comédie continue d’alterner avec la tragédie : peu à peu même elle l’emporte sur cette dernière : de 1810 à 1811, l’empereur dépense cent mille francs en spectacles. Le 25 août les comédiens français donnent à Trianon les Projets de Mariage et la Grande Famille ou la France en miniature, pièce de circonstance d’Alisson de Chazet ; les artistes de l’Opéra exécutent un ballet, puis l’empereur, chapeau à la main, donnant le bras à l’impératrice, et suivi de toute la cour, se rend à l’Ile d’Amour, tandis que, dissimulés dans des barques, des musiciens jouent leurs morceaux les plus tendres. Un tableau flamand en action, un grand souper, terminèrent la fête de Marie-Louise.
Napoléon appelle souvent à l’étranger ses comédiens : dans la pensée de l’imprésario, ils doivent contribuer au succès de la pièce qu’il joue pour l’univers, et ces odyssées les charment, puisqu’elles satisfont leur goût d’imprévu, l’amour de la gloire, la vanité et l’intérêt. Être du voyage devient l’objet de toutes les ambitions, le prétexte de mainte intrigue ; le maître désigne lui-même les élus, et peu lui importe de contrister ses favoris eux-mêmes. Ne fait-il pas rayer de la liste, en 1808, Mme Talma qu’il a prise en grippe ? « Dites-lui de ne pas reparaître dans la tragédie, » ordonne-t-il à Talma.
Cette habitude date du Consulat. En 1803, pendant une tournée triomphale en Belgique, entouré des ministres, des ambassadeurs, des généraux, dans une apothéose de Te Deum, de revues et de fêtes, il a mandé Raucourt, Monvel, les Talma qui jouent quatorze fois à Bruxelles, une fois à Gand, tandis que Rodolphe Kreutzer, Frédéric Duvernoy et Dalvimarre, artistes de sa musique particulière et de l’Opéra, donnent plusieurs concerts ; l’affluence était énorme, malgré le prix élevé des places : neuf francs les premières et deuxièmes loges, six francs les troisièmes loges et parquets, au théâtre de Gand. Le 4 juin 1804, la Comédie-Française prête serment de fidélité à l’empire, et bientôt après rejoint Napoléon à Mayence : les Talma, Mlle Georges, restent à Paris pour le service ordinaire ; Saint-Prix, Damas, Lafon, Desprez, Mmes Raucourt, Thénard, Bourgoin, Duchesnois, Gros composent la caravane dramatique, accompagnés du secrétaire de la Comédie, du magasinier, du chef des gardes, du premier garçon de théâtre et du perruquier. Du 18 septembre au 2 octobre, ils donnent Iphigénie