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LES BOISSONS AROMATIQUES

On désigne, en hygiène, sous le nom de boissons aromatiques et par opposition aux boissons fermentées, des infusions, douées d’une action spéciale sur le système nerveux, qu’elles ne doivent pas à l’alcool comme les autres, mais à un principe particulier qui leur est commun à toutes et qui porte le nom de caféine. Ce groupe comprend le café et le thé, dont l’usage en Europe est aussi répandu que celui des boissons alcooliques ; il se complète par le maté, qui joue le même rôle dans une grande partie de l’Amérique du Sud.

La caféine, à laquelle ces substances doivent leurs propriétés, a été découverte par Runge dans le café en 1820 ; Oudry l’a retrouvée dans le thé en 1827, et depuis Martini en a constaté la présence dans le Paulinia Sorbilis, Heckel et Schlagdenhauffen dans la Kola. C’est un alcaloïde bien défini, cristallisant en aiguilles brillantes et légères, soluble dans l’eau, l’éther et l’alcool et ayant pour formule Ses propriétés physiologiques ont été, depuis quelques années, l’objet de travaux du plus grand intérêt. On a reconnu qu’elle avait une action directe sur le cœur et sur la circulation. À la dose de 10 à 12 centigrammes que renferme une tasse de café préparée avec 15 grammes de poudre, elle stimule le muscle cardiaque ; à 50 centigrammes, elle accélère le pouls et provoque un léger tremblement ; enfin, lorsqu’on l’administre à doses répétées et progressives de façon à en donner, au bout de quelque temps, 60 centigrammes par jour, elle facilite le travail musculaire, diminue la sensation de l’effort, prévient la