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examens où nous avions à lutter contre des concurrens venus de toutes parts, forions-nous bonne contenance ? soutiendrions-nous, comme l’avaient fait nos prédécesseurs, l’honneur de l’école par la qualité de nos épreuves ? Nos maîtres se le demandaient, et nous n’étions pas nous-mêmes sans inquiétude.

Je ne puis répondre que nos épreuves écrites et orales ne se soient pas ressenties des distractions forcées qui les avaient interrompues pendant quatre mois. Mais nos concurrens aussi avaient été distraits. Aucun d’eux n’avait travaillé avec la régularité habituelle. Le résultat général des examens ne nous fut pas défavorable. Nous ne fîmes recevoir ni moins de licenciés ni moins d’agrégés que d’habitude.

On ne dira pas non plus que notre excursion un peu longue dans la vie active ait abaissé le niveau intellectuel de nos trois promotions. Ces trois promotions ont donné à l’Académie française Caro, Perraud, Challemel-Lacour ; à l’Académie des inscriptions et à celle des beaux-arts, Beulé ; à l’Académie des sciences, Debray ; à la Sorbonne, Lenient ; à l’enseignement de l’Ecole, de la Coulonche ; à l’inspection générale, Glachant et Chassang ; à l’administration, Molliard et Ohmer ; aux lettres, J.-.I. Weiss, Assolant, Eugène Yung. Ces noms suffisent à prouver que la vie militaire qui nous avait été imposée par les circonstances, pour la défense de la loi et de la représentation nationale, n’avait suspendu chez nous ni les vocations littéraires ni les vocations scientifiques. Peut-être au contraire avait-elle donné à la pensée une excitation nouvelle, aux esprits plus de fermeté, aux âmes plus d’élévation.


A. MEZIERES.