rer une substitution en confiant l’objet à un aide, puis on le lui redemande ; c’est par exemple un oiseau vivant avec lequel on a terminé un tour, on le remet au « servant » en lui disant de le replacer dans la cage ; puis, se ravisant, on dit à l’aide : « Non, rendez-moi l’oiseau ; je veux m’en servir pour un nouveau tour. » L’aide, qui a eu un moment le dos tourné, et que d’ailleurs personne n’a songé à surveiller, a fait l’échange ; on lui a donné un oiseau vivant, il donne à la place un oiseau mort ou tout autre objet, et tout à l’heure les spectateurs seront bien étonnés de s’apercevoir de la substitution, d’autant plus qu’ils s’imaginent ne pas avoir quitté l’oiseau des yeux. Autre exemple de substitution, qui est tout à fait analogue au précédent : On a emprunté un objet, on l’a enveloppé sous les yeux du spectateur, et on veut le remplacer par un objet semblable, mais truqué, qu’on a placé secrètement au fond d’un chapeau. Le prestidigitateur dit simplement : « Je place l’objet dans ce chapeau… ou plutôt je le confierai à cette personne. » En disant les premiers mots, il introduit rapidement dans le chapeau le petit objet et en prend un autre. Il fait l’acte négligemment, en évitant de jeter les yeux dans l’intérieur du chapeau, de sorte que, comme il se ravise aussitôt, les spectateurs s’imaginent qu’il n’a fait aucune action secrète.
Dans beaucoup de tours, on trouve commode de cacher la main derrière un paravent ou un obstacle quelconque ; veut-on se débarrasser d’un mouchoir qu’on tient à la main, on s’approche d’un portant, et on laisse tomber le mouchoir derrière, sans que le public remarque que ce portant a caché un moment la main du prestidigitateur et que celui-ci en a profité. La table sur laquelle on fait des tours d’escamotage rend constamment de grands services comme écran pour les mains de l’artiste ; cette table est munie par derrière, le plus souvent, d’une servante ou d’une gibecière, compartiment où les objets qu’on veut faire disparaître tombent sans faire de bruit, et d’où ils peuvent également sortir sans attirer l’attention. Le prestidigitateur passe la main négligemment en faisant un geste, et sans arrêter le mouvement, derrière la table, prend l’objet dans la gibecière ou s’en débarrasse, selon les besoins du tour. Ce procédé est si simple qu’il suffit de le signaler pour le faire comprendre ; mais ce dont on ne se douterait pas, c’est des services qu’il peut rendre. Il est très facile, quand on a un peu d’assurance, de poser sans affectation sur le bout de la table la main qui tient l’objet ; on n’a plus qu’à ouvrir légèrement les doigts, l’objet tombe sans bruit dans la gibecière, et le tour est fait. On se doute d’autant moins du moyen qu’il est plus simple.