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provinciaux d’enseignement supérieur, et en particulier pour les écoles de médecine, de plein exercice et préparatoires, les plus heureux effets. On a dit qu’ils avaient été préparés pour assurer une clientèle aux facultés des sciences. Rien n’est moins exact. Avec leurs dix-huit cents élèves de licence, d’agrégation, et de doctorat, les facultés des sciences ont une clientèle, et la clientèle qui leur convient le mieux. Mais il est parfaitement exact, et cela on ne l’a pas dit, qu’on a voulu proposer un remède à l’engorgement excessif de Paris. Les étudians y font foule. Le Conseil général des facultés s’en plaignait récemment et en signalait les dangers. Le remède héroïque, qui consisterait à parquer les étudians dans tel ou tel centre universitaire, d’après leur lieu d’origine, est impraticable. Restent les mesures comme les décrets de 1893. Les familles se figurent, bien à tort, qu’il est bon pour leurs enfans de commencer leurs études médicales à Paris ; elles savent que les ressources y sont considérables, mais elles ignorent que, si considérables qu’elles soient, elles sont insuffisantes. Désormais, avant de commencer les études médicales, il faudra faire un an à la faculté des sciences. Il y a lieu d’espérer qu’on ira la faire dans la faculté la plus voisine : « Pourquoi, au sortir du collège, disait une récente circulaire ministérielle, venir de la Côte-d’Or, du Calvados et de la Loire-Inférieure, chercher à Paris cet enseignement préparatoire, quand on l’aura donné dans d’excellentes conditions, par des maîtres d’élite, à Dijon, à Caen, à Nantes ? » Et, comme à côté de toutes les facultés des sciences, il y a une faculté ou une école de médecine, est-il chimérique d’espérer que cette première année fixera l’étudiant ? qu’en cette année, il découvrira autour de lui des ressources et des avantages qu’il ignorait ; qu’étudiant en médecine du lendemain, il se liera avec les étudians en médecine, et qu’ainsi retenu dans les écoles deux ans, trois ans, il ne viendra que plus tard à Paris pour y chercher le complément et non les élémens de son éducation ? « La loi, disait la même circulaire, l’administration de l’instruction publique et les municipalités ont tout fait pour que les écoles de médecine répondissent à leur destination. Les familles ne le savent pas assez. »

Il me paraît impossible de clore cette étude sans indiquer brièvement un dernier avantage de la nouvelle organisation, bien qu’étranger à la médecine. Ces études théoriques et pratiques de physique, de chimie et d’histoire naturelle d’un caractère élémentaire qui vont avoir place dans les facultés des sciences, à côté des études plus relevées de licence, au-dessous des recherches savantes, cette fin ultime de cet ordre de facultés, ne sont pas nécessaires uniquement aux futurs médecins. Beaucoup d’autres, ceux qui