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dépense. On eût donc continué d’enseigner la physique, la chimie, l’histoire naturelle à la planche, au tableau noir, avec quelques expériences de cours et quelques manipulations schématiques, mais sans l’apprentissage du laboratoire. Et, en fin de compte, on n’eût vraisemblablement abouti, avec un titre nouveau, qu’à une seconde édition du baccalauréat ès sciences restreint.

En présence de ces difficultés et de ces inquiétudes, l’autre solution, celle qui consistait à confier le nouvel enseignement aux facultés des sciences, présentait des difficultés sans doute, mais plus aisées à lever, et des incertitudes aussi, comme en offrent toujours les choses encore virtuelles, mais diminuées par des faits définitivement acquis. Je ne saurais mieux faire que d’emprunter ici une page au rapport de M. Darboux :

« Examinons maintenant l’autre solution, celle qui consiste à placer le nouvel enseignement dans les facultés des sciences.

« Vous savez quelles transformations profondes se sont accomplies depuis vingt ans dans ces établissemens.

« Partout leurs locaux ont été rebâtis et agrandis ; elles ont maintenant, pour tous les ordres de sciences expérimentales, de vastes laboratoires. Si quelque part ils sont encore trop petits, le remède sera facile. Pour une faculté, ce n’est pas comme pour les lycées, qui ne peuvent s’agrandir que par l’acquisition de terrains et la construction de bâtimens contigus : un baraquement suffit, sur un terrain plus ou moins voisin. Et ce n’est pas nous, professeurs des facultés de Paris, qui pourrions oublier les services qu’ont rendus à l’enseignement supérieur les baraquemens et les salles Gerson.

« Pour le matériel, il existe partout, complet, admirable.

« Le personnel des maîtres ? Sans doute il faudra l’augmenter. Mais cette augmentation sera faible en comparaison de celle que nous examinions tout à l’heure.

« Le personnel des chefs des travaux et des préparateurs ? Les facultés l’ont, habile, expérimenté. Elles ont mis quinze ans à le former. S’il faut en augmenter les cadres, la dépense sera minime par rapport à ce qu’elle serait dans les lycées et les collèges.

« Enfin, elles sont largement dotées en ce qui concerne les frais annuels de laboratoires et de travaux pratiques.

« D’après les évaluations soumises à la commission, l’augmentation des dépenses ne dépassera pas l’augmentation des recettes.

« Au point de vue intellectuel, les facultés des sciences sont pleinement en mesure, et mieux que qui que ce soit, d’assurer cette discipline de l’esprit, en vue d’un ordre particulier de sciences que celui de nos collègues qui proposait de placer le nouvel enseignement dans les lycées estimait à bon droit