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cours d’un ordre élevé, qui conviennent seuls au rang que ces professeurs occupent dans la science ; mais si l’on veut éviter la confusion actuelle, il faut reconnaître que c’est à un autre ordre de professeurs qu’il faut confier l’éducation préparatoire de nos élèves dans les sciences physico-chimiques et naturelles étudiées dans leurs élémens. »

Enfin, dans un rapport présenté au Conseil supérieur de l’Instruction publique, au nom d’une nombreuse commission chargée d’examiner le projet de décret de 1893, M. Brouardel, doyen de la Faculté de médecine de Pétris, résumait ainsi le sentiment des facultés :

« De tout temps, les professeurs des facultés de médecine, notamment les professeurs de physique, de chimie, d’histoire naturelle, se sont plaints que les étudians en médecine abordaient les études médicales avec une préparation scientifique insuffisante, que, par suite, ces professeurs étaient obligés d’enseigner les élémens des sciences à des élèves qui auraient dû les posséder avant de s’inscrire dans les facultés.

« Ils ont fait remarquer à juste titre que les chaires de chimie, physique, et histoire naturelle ont été créées près les facultés de médecine dans l’intention non pas d’enseigner les sciences générales, mais d’en faire connaître les applications médicales à la physiologie, à la pathologie, à la thérapeutique, à l’hygiène, à la médecine légale, à la clinique. Les professeurs chargés de cet enseignement, placés en présence d’élèves n’ayant que des notions tout à fait insuffisantes sur la physique, la chimie, l’histoire naturelle générales, se sont trouvés dans la nécessité de les compléter et de consacrer la plus grande partie de leur temps, soit dans l’amphithéâtre, soit dans les travaux pratiques, à exposer les questions non médicales avec lesquelles les étudians auraient dû être familiarisés avant d’entrer dans les facultés. D’autre part, ils ne pouvaient donner à la partie essentielle de leur enseignement, celle qui est leur raison d’être à la faculté, je veux dire aux applications des sciences à la médecine, que des développemens très restreints. Ils n’auraient pas été compris par des élèves qui n’avaient pas encore abordé l’étude de l’anatomie, de la physiologie, et de la médecine.

« Les élèves eux-mêmes, convaincus que la possession du grade de bachelier ès sciences restreint suffisait à prouver qu’ils connaissaient ces sciences, n’apportaient à leurs études, dans cette première année, qu’une ardeur très mal soutenue. Pour eux, la date réelle de leur entrée à la faculté de médecine était celle qui leur ouvrait les portes des pavillons de dissection, c’est-à-dire la deuxième année.