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devait avoir été construit alors que le soleil se trouvait dans ce signe du zodiaque, au solstice d’été, ce qui reporterait approximativement à 2 000 ans avant notre ère l’époque de la construction. Nous donnons cette supputation pour ce qu’elle vaut, nous reconnaissant absolument incompétent pour vérifier l’exactitude des opérations compliquées de calcul qui ont amené M. Swan à la fixation de cette date ; nous nous bornerons à faire observer que les calculs de M. Swan reposent sur une donnée tout à fait conjecturale.

Ce qui est certain c’est qu’on retrouve cette bande ornementale disposée à peu près de la même façon sur toutes les autres ruines du pays, et toujours au sud-est, c’est-à-dire dans la direction du soleil levant ; on est donc fondé à croire qu’elle avait chez ce peuple une signification religieuse et qu’elle se rattachait au culte du soleil. C’est sans doute cette bande décorative qui a donné naissance à la légende du prétendu cryptogramme inscrit sur les murs de Zimbabyé, légende qui, dès le xvie siècle, était pour les Arabes un article de foi, et qui a trouvé créance chez tous les auteurs qui, jusqu’à nos jours, se sont occupés de ces monumens.

Sur cette partie du mur se dressaient verticalement d’énormes monolithes, dont plusieurs sont tombés aujourd’hui ; mais ceux qui subsistent permettent de reconnaître qu’ils étaient équidistans. À cet endroit, le sommet du mur est couvert de dalles de granit, disposées avec beaucoup de soin, et il est à présumer que ce sommet servait de lieu de promenade, puisqu’un escalier pratiqué près de l’entrée principale y donnait accès, tandis qu’on ne peut, sans s’exposer à une chute, se tenir debout sur le sommet du mur situé au nord-ouest.

L’intérieur de cette cité présente l’aspect d’un labyrinthe presque inextricable ; mais ce qui frappe surtout le visiteur, c’est le passage long et étroit conduisant de l’entrée principale à l’endroit que M. Bent appelle l’enceinte sacrée, car, d’après l’opinion du voyageur anglais, ces édifices avaient une double destination, ils servaient à la fois de temple et de moyen de défense. Ce passage entre deux murailles colossales hautes de 30 pieds et construites avec une précision pouvant servir de modèle à toutes les constructions érigées sans mortier, est en effet si étroit en certains endroits, qu’il peut à peine livrer passage à une seule personne à la fois. Les grands blocs de pierre taillée, dit M. Bent, dont se servaient les Égyptiens, les Grecs et les Romains pour leurs constructions, devaient être d’un maniement relativement facile en comparaison de ces mêmes pierres de granit assemblées en