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même contrée[1]. M. Bent, très libéralement subventionné par plusieurs sociétés savantes de Londres, et assuré de l’appui moral et du concours effectif des agens de la compagnie Sud-africaine, a été mis à même d’accomplir sa mission dans les conditions les plus propres à en assurer le succès, tout en donnant à ses recherches la direction la plus profitable aux intérêts de la science. Nous empruntons à cet important ouvrage la description des ruines visitées par le voyageur anglais, ainsi que les résultats tout à fait imprévus des fouilles qu’il y a pratiquées. Nous ne nous croyons pas tenu de suivre l’ordre dans lequel M. Bent a visité ces différentes ruines, et nous aborderons tout d’abord la description des fameuses ruines de Zimbabyé.


II

Les ruines du grand Zimbabyé, qui couvrent une vaste superficie de terrain, forment l’ensemble le plus important d’une longue série de ruines semblables qui s’étendent sur toute la rive occidentale de la Sabia. Elles sont situées à environ 40 milles anglais du fort Victoria, par 20° 16′ de latitude sud, et par 31° 10′ de longitude est, à 3300 pieds au-dessus du niveau de la mer. Elles sont construites en pierres de granit taillées au marteau, qu’on trouve à quelques milles de distance, et forment des assises régulières, sans être reliées par aucune espèce de ciment.

Les parties caractéristiques de ces ruines sont d’abord une grande ruine circulaire ou, pour mieux dire, une enceinte de murailles en ruines, au bord d’une pente douce conduisant dans la vallée ; puis les amas de ruines dont cette vallée est parsemée ; enfin la forteresse compliquée qui se dresse sur une colline de granit située en face de la ruine circulaire, et d’où l’on domine tous les alentours : cette forteresse est comme l’acropole d’une ville antique.

À l’arrivée de l’expédition, l’intérieur de l’enceinte circulaire était envahi par une luxuriante végétation tropicale. Des plantes de toute espèce tombant des branches de grands arbres dans une confusion inimaginable formaient un fourré impossible à pénétrer et donnaient à cet ensemble de ruines, dit M. Bent, un mystère tout spécial qui n’était pas sans inspirer, en quelque sorte, un sentiment de crainte respectueuse. Ce n’est qu’après quelques jours de travail que M. Bent et ses compagnons, avec l’aide d’un certain nombre d’indigènes, parvinrent à défricher sommairement ces lieux.

  1. The ruined cities of Mashonaland, London, 1893.