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que les Beni-Bou-Zeggou et tout le pays jusqu’à Dcbdou. Au retour on envoya percevoir des arriérés d’impôts chez les Kebdana et dans le Gâret.

Au mois de décembre 1877, Sa Majesté Chérifienne rentrait à Merâkech pour y passer toute l’année 1878. Une épidémie de choléra sévissait sur les populations. Le premier ministre ou grand vizir, Si-Mouça, fut emporté par le fléau. Ce fut une perte irréparable pour Moulaï-el-Hassan ; car, fonctionnaire fidèle et avisé, Si-Mouça avait fait preuve d’une grande habileté politique. Il était le plus sûr et le plus écouté des conseillers du souverain, qui avait senti tout le prix de ses avis, lors des momens difficiles qui avaient marqué le commencement du règne. Si-Mouça, qui avait été aussi le premier ministre de Sidi-Mohammed, laissa parmi ses enfans un fils du nom de Ba-Ahmet, issu d’une juive convertie, et qui devint plus tard le grand chambellan et l’homme de confiance de Moulaï-el-Hassan.

Le sultan lui-même ne fut pas épargné par l’épidémie. Le bruit de sa mort ayant été répandu, les tribus de la montagne commencèrent de s’agiter, quelques-unes se révoltèrent, et il s’en fallut de peu que l’insurrection ne se généralisât. Les légations de Tanger, craignant pour la sécurité de leurs nationaux, demandèrent des bâtimens de guerre à leurs gouvernemens respectifs. Mais la santé du souverain s’étant améliorée, tout rentra dans un calme relatif, et à la fin du printemps de 1879, Moulaï-el-Hassan reprit à la tête de son armée la direction du nord de l’empire et regagna Rabat et Meknas. Chemin faisant, il obtint la soumission des Aït-Attab, des Beni-Zemmours, et, après avoir cruellement châtié celles des populations qui se trouvaient à la portée de son courroux, il entreprit l’œuvre difficile de dompter les Beni-Methirs, tribu berbère qui habite les environs de Meknas et que nous avons déjà vue entrer en scène presque au lendemain de l’avènement.


II

Au mois de janvier 1880, Moulaï-el-Hassan expédia de Fez son oncle Moulaï-el-Amine dans le Gâret et sur les confins du Rif. L’expédition devait mettre à la raison les montagnards Guellaïa ; mais l’opération, quoique longue et très pénible, ne semble pas avoir eu de résultats très positifs. Au printemps de la même année, les tribus dites Djebala, des environs de la petite ville de Ouezzan, les Beni-Mestara entre autres, se soulevèrent et, leurs déprédations s’étendant au loin, le makhzen résolut d’envoyer contre