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LE
RÈGNE DE MOULAI-EL-HASSAN

Les choses du Maroc sont peu connues en France, bien que ce pays soit limitrophe du département d’Oran et intéresse à plus d’un titre la sécurité de notre domination algérienne et l’avenir de notre politique musulmane.

Depuis de longues années, la diplomatie poursuit le maintien du statu quo dans l’empire des Chérifs. Afin d’écarter les complications dans une région voisine de notre colonie, et dont les populations orientales sont unies aux nôtres par plus d’un lien religieux et économique, on a toujours estimé, — et avec raison, — qu’il fallait s’attacher à reculer l’époque où s’ouvrira la question marocaine, dont la gravité ne le cédera à aucune autre par l’importance des divers intérêts qui y sont engagés. On s’est donc contenté de surveiller avec une extrême attention et de prévenir, en les discernant au milieu de la confusion de la politique intérieure du Maroc, ceux des incidens qui paraissaient de nature à modifier le statu quo : aussi bien est-ce avec une grande circonspection qu’il convient d’aborder tout ce qui a trait à cette partie de la Berbérie.

Aussi longtemps que vécut Moulaï-el-Hassan, on pouvait espérer que, grâce à cette politique, nous étions à l’abri de toute complication, autant du moins que le permette la situation d’un pays tel que le Maroc. Mais voici que la fin soudaine de ce souverain, qui était également expert dans l’art de la guerre et habile dans le choix de ses ministres, amène au pouvoir un jeune prince, presque un enfant. Il est alors permis de se demander si nous trouverons dans le nouveau règne les mêmes garanties. Car, bien que nous devions attendre des avantages égaux de la continuation