que ce qui était sur la rive droite de l’Oubanghi et au nord du 4e parallèle appartenait à l’influence française. Les agens de l’État du Congo n’ont pas toujours respecté cette convention. Ils allaient naturellement devant eux, un peu à l’aventure, avec beaucoup d’intelligence et de courage, et ils organisaient des postes sur les points qui leur paraissaient intéressans, avec l’arrière-pensée que, s’il y avait plus tard des contestations territoriales, leur gouvernement et le nôtre finiraient par s’arranger. Pourtant l’expansion, la prise de possession congolaises allaient toujours en augmentant, et les deux gouvernemens ne s’arrangeaient pas. Les tentatives qui avaient été faites dans cette vue avaient échoué. En se prolongeant, la situation risquait de devenir plus difficile. Les prétentions congolaises prenaient un caractère plus aigu ; elles s’appuyaient sur le vieil axiome Beati possidentes ; et quant à nous, malgré le bien fondé des nôtres, nous rencontrions chaque jour des difficultés croissantes pour en faire reconnaître la valeur. L’affaire en était là, et il était de plus en plus indispensable d’y apporter de part et d’autre les plus délicats ménagemens, lorsque, tout d’un coup, la convention du 12 mai a été publiée par les journaux. Le procédé était vif à notre égard, et rien n’a été plus légitime que l’impression que nous en avons manifestée. Les territoires contestés entre l’État du Congo et nous étaient, il est vrai, passés sous silence ; mais il ressortait de l’esprit même de la convention que l’Angleterre les attribuait à la sphère d’influence de l’État congolais, et la preuve en est qu’elle prolongeait et complétait ces territoires au-delà même du bassin du Congo, en livrant à l’État indépendant, sous des modalités diverses, la rive gauche du Nil depuis Lado jusqu’à Fachoda. Le Bahr-el-Gazal, notamment, était cédé à bail indéfini à l’État du Congo. On reconnaît ici la conception anglaise des États-tampons, qui n’est pas toujours mauvaise et que nous ne repoussons pas d’une manière absolue, mais dont on nous dégoûterait vite si on prenait l’habitude de la pratiquer contre nous dans de semblables conditions. Il s’agissait cette fois d’un État-barrière que l’Angleterre-mettait, sans nous consulter, entre le Nil et nous, pour arrêter dans l’avenir nos progrès éventuels.
Nous avons donc protesté contre cette partie de l’arrangement. Le roi Léopold a envoyé à Paris deux négociateurs éminens, M. Devolder et M. le baron Goffinet, et l’accord n’a pas tardé à s’établir avec eux. Il a porté sur deux points qu’il faut distinguer : la délimitation de nos frontières communes dans le bassin du Congo, et au-delà, dans le bassin du Nil, la délimitation septentrionale de la zone d’influence de l’État indépendant. En ce qui concerne le premier point, l’œuvre de 1885, continuée en 1887, a été heureusement complétée et terminée. Notre frontière suivra le cours de l’Oubanghi jusqu’au M’ Bomou, puis le cours du M’ Bomou jusqu’à sa source, puis la ligne la plus courte jusqu’à la crête de partage des eaux entre le bassin du Congo et