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EXPLORATIONS PARLEMENTAIRES

La Chambre élue en 1893 a déjà un an d’existence. Décompte fait des courtes vacances qu’elle s’est octroyées au 1er janvier et à Pâques, elle a siégé près de sept mois sans désemparer. Sa physionomie s’est accentuée assez nettement pour fournir à l’observateur les élémens d’une première investigation. Jeté dans ce monde si nouveau pour moi, j’en voudrais relever la carte, — non point la carte détaillée et complète, cette prétention serait hâtive et passerait mon pouvoir, mais le levé sommaire qu’un navigateur rapporte après une première reconnaissance. Ceci n’est pas à proprement parler une étude politique, bien plutôt le résumé d’impressions de voyage comme j’en ai souvent publié à cette place, alors que le désir de voir et de savoir m’avait conduit dans les pays lointains. Mon ambition serait remplie si, en parlant de la Chambre où je siège, je pouvais garder le détachement d’un étranger venu chez nous pour s’enquérir de nos coutumes, la méthode et la liberté de jugement que nous tenons de nos maîtres en histoire. Nous leur devons l’état d’esprit qui nous permet d’examiner un fait contemporain comme une période de l’histoire révolue ou un phénomène de la nature ; sans passion, sans égard aux idées théoriques et aux dogmes reçus, avec l’unique souci de bien déduire lus conclusions fournies par une expérience de laboratoire.

Oublions provisoirement que la Chambre des députés est un grand corps de l’Etat, introduit depuis longtemps dans nos institutions, jugé nécessaire par les uns, nuisible par les autres, objet quotidien de discussions ardentes, de comparaisons avec le passé, de critiques ou d’éloges. — Il y a sur le quai d’Orsay, au bout du pont de la Concorde, un monument qui sollicite l’attention du visiteur flânant dans Paris : j’y suis entré, j’y ai rencontré 580