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DIEGO VELAZQUEZ

DEUXIÈME PARTIE[1]


V

Entre les diverses distractions qui s’offraient à Philippe IV pour le consoler de la perte de son fils, la chasse occupait depuis longtemps et devait jusqu’au bout tenir une très grande place. De tout temps cet exercice avait été en honneur à la cour d’Espagne, et M. Justi nous fournit de curieux détails sur la façon dont il y était pratiqué. L’équipage et les meutes du roi passaient pour les plus magnifiques de l’Europe entière. Il était lui-même un chasseur infatigable, d’une hardiesse extrême et ne redoutant aucun danger. Plusieurs fois sa vie ayant été en péril, son frère ou les personnes de sa suite avaient dû lui venir en aide. Un jour qu’il avait mis pied à terre pour suivre dans un fourré un sanglier blessé, la bête tenant ferme, il avait été obligé de l’achever à coups de dague. La reine et ses proches lui ayant fait à ce propos quelques remontrances, il ne voulut rien entendre, et, signifiant vivement ses ordres pour qu’à l’avenir on le laissât seul se tirer d’affaire, il avait parlé avec plus d’animation et d’abondance qu’il n’en montra jamais. Afin de contenter ses goûts,

  1. Voir la Revue du 1er août.