Thamugadi, par les soins de la troisième légion auguste ; L. Munatius Gallus étant légat impérial et propréteur. » C’est donc en l’an 100 de notre ère que Trajan, qui n’était empereur que depuis deux ans, décida de bâtir une ville entre Lambèse et Mascula. Il est assez probable que, sur l’emplacement qu’il choisit pour la construire, il y avait déjà quelque fortin, un burgus, qui pouvait abriter une petite garnison. On sait que tous les passages de l’Aurès étaient surveillés avec soin ; or, non loin de Timgad débouche un couloir de près de trois kilomètres de long par lequel s’écoule un de ces petits oueds qui mènent les eaux des montagnes se perdre dans le Sahara[1]. Ce défilé devait donc être gardé comme les autres. Mais Trajan pensa sans doute que les leçons qu’on avait données aux pillards du désert étaient suffisantes, qu’on n’avait plus de ce côté d’invasion à craindre, et qu’on pouvait sans danger remplacer le burgus crénelé par une ville ouverte. Cette ville, il la fit bâtir par la légion fidèle qui, depuis un siècle, maintenait l’ordre en Afrique et qui devait la défendre jusqu’à l’époque de Dioclétien. Le soldat romain était bon à tout ; il jetait des ponts sur les torrens, il traçait des routes à travers la montagne, il maniait la pioche comme le pilum. Dans le camp de Lambèse, où nous savons qu’il y avait des ingénieurs, des arpenteurs, des ouvriers de toute sorte, on devait trouver facilement aussi des architectes. Le travail fut mené très rapidement. Nous avons la preuve qu’en l’année 117, à la mort de Trajan, les principaux édifices du Forum étaient achevés, et, malgré cette hâte, il faut bien croire qu’on ne les avait pas trop mal construits puisque après dix-huit siècles il en reste encore de si beaux débris.
Quand on a passé l’arc de triomphe et qu’on marche devant soi, on suit la rue principale de la ville, qui a été déblayée pendant plusieurs centaines de mètres. Elle est très belle, cette rue, plus large et plus droite que ne le sont d’ordinaire celles de Pompéi. C’est que nous sommes ici dans une ville neuve, bâtie d’un seul coup, sur un espace libre, où l’on, n’était pas gêné par les constructions anciennes.
La rue que nous parcourons en ce moment était aussi le grand chemin qui menait de Lambèse à Théveste, et comme il traversait des villes importantes, des campagnes fertiles et peuplées, il devait être très fréquenté : on le reconnaît aux ornières profondes que les roues des chars ont laissées sur les dalles. Des deux côtés un large trottoir était réservé aux promeneurs qui voulaient se donner le plaisir de voir passer les voyageurs et les chariots, ce
- ↑ Je prends ce détail dans la petite brochure de M. Moliner-Violle sur Timgad, ses fouilles et ses découvertes.