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À ces paroles du recteur catholique, le pasteur Barrows a fait écho dans son discours final :

« Mon cœur est si plein d’amour, de bonheur, de gratitude, que je ne saurais exprimer tout ce que je ressens. S’il y a quelqu’un à qui soit dû l’honneur du succès de ce parlement des religions, c’est à l’esprit du Christ, qui est un esprit de charité… On dit que sir Josuah Reynolds termina ses conférences sur l’art de la peinture, par le nom de Michel-Ange. Pour moi, je désire, avec une vénération bien autrement profonde, que le dernier nom, prononcé par moi devant cette assemblée, soit le nom de Celui à qui je dois la vie, la vérité, l’espérance et toutes choses ; le nom de Celui qui peut résoudre toutes les contradictions, et qui, du haut de son trône dans les cieux, dirige sur la terre la marche sereine et infatigable de l’amour rédempteur, le nom de Jésus-Christ le sauveur du monde ! »


V

Voilà, certes, des paroles de foi, d’espérance et de charité qui sont de bon augure pour l’avenir de l’œuvre de pacification religieuse, inaugurée par le vaillant pasteur de Chicago. Les applaudissemens unanimes qui les ont accueillies, ont été la plus douce récompense de son labeur ; ils lui ont prouvé que si, au début, son projet avait soulevé bien des objections et s’était heurté à quelques refus, il avait maintenant cause gagnée. Le premier parlement des religions n’a été ni une tour de Babel, ni une nouvelle Pentecôte, bien qu’à certains momens les cœurs aient été comme soulevés par l’esprit divin ; mais il a été un concile pacifique des grandes religions de la terre et il a produit un grand effet moral.

Plusieurs ont exprimé la crainte qu’il n’eût pas de résultats pratiques ; eh bien ! même sur ce point le doute n’est plus permis. Ce congrès a déterminé deux grands courans : l’un pousse à une étude plus approfondie des religions et l’autre tend au rapprochement des diverses dénominations chrétiennes entre elles et même avec les Israélites. Le Christian Register de Boston, du 24 mai, nous apprend que Mme Caroline E. Haskell a fait à l’Université de Chicago une donation de 20 000 dollars (plus de cent mille francs) pour créer une chaire de science comparée des religions. Le courant s’est propagé au-delà de l’océan Pacifique, et l’on nous assure que le mikado du Japon a convoqué les représentai des quatre cultes professés dans l’Ile du Soleil à un congrès qui doit avoir lieu à Tokio, en octobre prochain, pour l’étude comparative des religions. Enfin, le Congrès libéral, qui vient