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ÉTUDES DIPLOMATIQUES

L’ALLIANCE AUTRICHIENNE
(TRAITÉ DE 1756)

I.
KAUNITZ A PARIS

« Si jamais événement, dit un document ministériel du dernier siècle, eut des droits à l’étonnement public, c’est celui de l’union du roi et de l’impératrice-reine conclue en 1756. »

Effectivement la surprise fut extrême quand on apprit en Europe qu’une alliance intime allait être substituée à la rivalité séculaire des cours de France et d’Autriche. Mais ce qui est aussi singulier que le parut le fait lui-même, c’est qu’il y a peu d’années l’étonnement durait encore, et la postérité ne pouvait pas, mieux que les contemporains, s’expliquer les causes véritables de cette grande et soudaine révolution politique.

C’est la remarque que j’avais été amené à faire, il y aura tout à l’heure vingt-cinq ans, lorsque je fis part au public, dans ce recueil même, des particularités curieuses que j’avais eu le bonheur de découvrir sur la diplomatie secrète entretenue par Louis XV, à l’insu de ses ministres, pendant la plus grande partie de son règne. Dans ce récit, qui ne touchait qu’indirectement à l’histoire générale, je rencontrai pourtant le traité de 1756 et ne pouvais