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de frein aux importations et favorise le développement des exportations.

En 1893 les importations italiennes en France se sont élevées à 139 millions, les importations françaises en Italie à 123, et l’application de la loi apparaît mieux encore si l’on considère le commerce de l’Italie avec toutes les nations pendant les quatre premiers mois de 1894. L’Italie a importé pour 39 millions de moins et exporté pour 44 millions de plus pendant cette période que pendant la période correspondante de 1893, et ses exportations, ont égalé, à 2 millions près, ses importations, alors qu’il y a un an l’écart en faveur de celles-ci était encore considérable.

Les partisans du rétablissement des rapports commerciaux avec l’Italie et la Suisse ne sont pas seuls à protester contre nos tarifs douaniers. À vrai dire, les protestations surgissent de tous côtés. L’industrie de la laine traverse une crise aiguë, et les délégués des principaux centres lainiers ont constitué à Paris une association nationale ayant pour mission de sauvegarder les intérêts compromis de l’industrie lainière. Les membres du bureau sont des manufacturiers de Roubaix, Tourcoing, Reims, Beauvais, Guise, etc. Toutes les branches de l’industrie, peignage, filature, tissage, teinture et apprêts, étaient représentées à la réunion constitutive. On signale une région particulièrement éprouvée, celle de Fourmies, qui possède un matériel industriel de 68 millions, emploie 26 000 ouvriers, distribue 27 millions de salaires, transforme annuellement pour 150 millions de produits : or en cette contrée, si nous en croyons des relations dont il n’y a pas de raison de suspecter la sincérité, la valeur des terrains et habitations aurait diminué de moitié, et celle des établissemens industriels serait avilie au cinquième.

La fermeture des débouchés est la cause directe de cette misère. Au commencement de janvier de cette année, M. Méline eut l’idée d’ouvrir auprès des Chambres de commerce une enquête privée sur les résultats obtenus par l’application des nouveaux tarifs. Voici un extrait de la réponse que lui adressa la Chambre de commerce de Reims : « Si le temps écoulé depuis le vote de la loi du 11 janvier 1892 permet d’apprécier aujourd’hui l’importance des résultats du nouveau régime économique, il nous est permis de dire, au moins quant à nous et spécialement quant à l’industrie lainière, que ces résultats ont été désastreux ; et, si l’association que vous présidez a le droit de s’attribuer une part des bienfaits des nouveaux tarifs, il est non moins vrai de dire qu’elle a une part de responsabilité dans les tristes conséquences dont nous subissons le contre-coup, par suite tant de la perte de