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remplacement, telles que l’élévation du droit sur l’alcool et celle du taux des licences.

Il y a toute apparence que la récolte de cette année sera aussi considérable que celle de 1893, sinon plus, et que la qualité sera supérieure. Combien la viticulture serait mieux armée contre les périls de la mévente, si une politique funeste n’avait pas dénoncé les traités de commerce qui donnaient à la France une sorte de monopole pour la vente du surplus de ses vins à l’étranger !


XII

Le fait apparaît avec une vive clarté à propos de la Suisse, où, depuis la rupture des relations commerciales, la région mâconnaise ne peut plus envoyer ses vins. Le droit d’importation en Suisse était naguère de 3 fr. 50 par hectolitre ; il s’élève aujourd’hui à 25 francs par 100 kilogrammes de marchandise brute, ce qui équivaut à 30 francs l’hectolitre, droit quasi prohibitif.

La valeur de l’exportation totale des vins français en Suisse atteignait, il y a quelques années, 50 millions, naguère encore plus de 20 millions par an, dont 6 à 7 pour le Maçonnais et le Beaujolais. Elle est tombée à des proportions insignifiantes, au moment même où les vignobles du Beaujolais, reconstitués au prix des plus grands sacrifices, commençaient à redonner de très satisfaisantes récoltes.

Il en a été pour les autres marchandises comme pour les vins. Si l’on compare les chiffres de l’année 1893 avec la moyenne de ceux des trois années 1890-92, on constate que les principales exportations de France on Suisse ont subi des diminutions considérables. Par exemple les ventes de bétail et de sucres ont à peu près disparu, ou du moins ont fléchi dans la proportion de 4 à 1. Même réduction, ou peu s’en faut, de 29 à 8 millions, sur les confections, tissus de laine, soieries, tissus de coton. Nos produits métallurgiques n’ont pas été plus heureux, machines, ouvrages on métaux, quincaillerie, montres, ouvrages en cuir, etc. Nous avons vendu de ces produits à la Suisse pour 27 millions au lieu de 85 ; la perte totale pour cette série d’articles est de 57 millions.

La Suisse a suppléé, pour la plus grande partie, par le développement de sa propre industrie, à ce déficit de l’importation française. Pour le reste, d’autres pays ont pris notre place, l’Autriche, l’Italie, l’Espagne, la Belgique, l’Allemagne surtout.

Les Suisses ont opposé à notre tarif maximum appliqué à leurs marchandises, un tarif plus sévère encore que le nôtre et