moyennes de prix sur un ensemble déterminé de produits et de marchandises, nous apprennent qu’en ce moment les prix, considérés en masse, accusent une réduction de 5 pour 100 sur le niveau constaté au mois d’avril 1893. Il y a quelques exceptions à relever, par exemple le fer, les rails d’acier, la houille, le lin, le jute, la viande de boucherie ; mais la baisse a frappé le cuivre, l’étain, le plomb, le blé, la farine, les pommes de terre, le riz, le coton, la laine, la soie, le chanvre, le sucre, même le thé, et très légèrement le café. Si l’on compare les prix actuels à ceux de la fin de 1891, les exceptions indiquées ci-dessus disparaissent, celle du fin seul subsiste, et sur les autres articles la dépréciation apparaît plus considérable encore. Nous avons sous les yeux un tableau dressé par l’Economist de Londres ; nous y voyons que dans cet espace de trente mois, le prix de la tonne de rails d’acier a baissé de 4 livres sterling 2 sh. à 3 liv. 12, la tonne de houille à Londres, de 18 sh. 6 d. à 15 sh. 6, la tonne de cuivre de 46 liv. à 38, la tonne d’étain de 90 liv. à 71, la tonne de plomb de 11 liv. 10 à 9 liv. 5, la tonne de chanvre de 29 liv. à 22, celle de jute de 17 liv. à 15, le quarter de blé de 1 liv. 16 à 1 liv. 2, le pétrole de 5 à 3 1/2 pence le gallon, etc.
En réalité les prix n’ont pas cessé de baisser depuis 1820, à travers des fluctuations souvent considérables, sous l’influence de causes qui affectaient tantôt la valeur des marchandises, tantôt celle de la monnaie dans laquelle les prix sont exprimés. Les principales causes ont été naturellement les grandes inventions mécaniques qui ont changé la condition économique du monde, la substitution de modes de transport rapides, peu coûteux et sûrs, aux anciens modes, longs, coûteux et incertains, qui augmentaient dans une si large mesure les frais de production. Cette révolution dans les modes de transport a supprimé aussi, en partie, les accumulations prolongées de marchandises dans les magasins particuliers. Les grandes maisons mercantiles ne sont plus nécessaires. Le premier venu, avec un capital modéré et un bon crédit, peut faire venir d’une partie quelconque du monde telles marchandises qu’il désire. L’ordre est expédié on quelques minutes, réalisé en une semaine de New-York, en peu de semaines de l’Inde ou de la Chine. New-York est plus près de l’Europe aujourd’hui que Dublin ne l’était de Londres au commencement du siècle. Depuis moins de cent ans ont surgi les pays nouveaux, avec leur puissance croissante de production, les États-Unis, l’Australasie, les républiques de l’Amérique du Sud, le Canada, l’Inde britannique et l’Afrique du Sud. Des régions d’une civilisation très ancienne, comme la Chine et le Japon, se sont ouvertes au commerce