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a été plus forte encore en ce pays que chez nous. Les exportations anglaises avaient, en effet, grossi de 6,15 pour 100 en 1889 sur 1888, et de 5,67 pour 100 en 1890. Elles ont décru de 6,17 pour 100 en 1891, de 8,16 pour 100 en 1892, de 3,77 pour 100 en 1893, soit de près de 240 millions de francs dans cette dernière année. Mais les données statistiques pour le commerce du Royaume-Uni pendant les six premiers mois de 1893 n’ont plus accusé la même tendance. Tandis que les importations s’augmentaient, comme chez nous, et que cet accroissement, presque entièrement dû à des achats considérables de coton des États-Unis, atteignait 334 millions, les exportations se sont maintenues à peu près exactement au même niveau qu’en 1893, soit 2 672 millions de francs ou 445 millions en moyenne par mois. En réalité, il y a, en 1894, une diminution de 25 millions de francs, soit un peu moins de 1 pour 100 du total. Les réexportations de produits coloniaux et étrangers accusent pendant la même période une réduction plus forte, de près de 100 millions de francs, due à une cause spéciale qui sera indiquée plus loin.

Les importations en Angleterre atteignent depuis quelque temps une valeur presque exactement double de celle des exportations. La Grande-Bretagne a ainsi, du 1er janvier au 30 mai 1894, vendu au dehors pour 2672 millions de francs de ses produits, soit 445 millions par mois ; et acheté du dehors pour 5 275 millions de francs de denrées, soit 880 millions en moyenne par mois. C’est une balance commerciale formidablement débitrice : mais l’Angleterre est, on le sait, créancière, pour des sommes bien autrement élevées par le fait de ses placemens et de ses prêts, des pays étrangers qui lui fournissent tant de produits. Que si, d’autre part, ses importations dans les derniers mois ont pris une telle expansion, on le doit attribuer pour une forte mesure à la détresse financière et monétaire de beaucoup de nations étrangères forcées de vendre leurs denrées à tout prix.

Les exportations de la Grande-Bretagne atteindraient au surplus un chiffre bien plus fort, si les États-Unis ne traversaient depuis deux années une crise économique dont l’intensité, aussi bien que la durée, est absolument exceptionnelle, et entrave à tel point les transactions commerciales du pays que, durant l’année 1893-94, l’Angleterre lui a vendu pour 260 millions de francs de moins que dans la période précédente, et que le seul mois de mars dernier figure dans cette diminution pour près de 30 millions de francs. Les envois britanniques dans l’Inde ont, au contraire, pris un grand développement depuis le 1er janvier, accusant une augmentation mensuelle d’environ 25 millions de francs.