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Le total des importations s’est élevé cette année, du 1er janvier au 30 juin, à 2235 millions, dont 670 en objets d’alimentation, 1 281 en matières nécessaires à l’industrie et 284 en objets fabriqués. L’augmentation totale de 335 millions sur la même période de 1893 se divise ainsi : 190 millions pour les objets d’alimentation, 128 pour les matières premières, et 18 pour les objets fabriqués. Il est curieux de voir ce dernier élément grossir de cette façon malgré les anathèmes et les prohibitions de la commission des douanes. L’accroissement de 190 millions dans l’achat au dehors de produits alimentaires est, de toute façon, un commentaire fâcheux de l’état.de notre agriculture, mais il a aussi une cause accidentelle, les approvisionnemens faits avec halo au début de l’année, en prévision du relèvement des droits sur les céréales. Le relèvement a eu lieu, comme chacun sait, et les protectionnistes ne sont pas disposés à s’arrêter là. Chaque jour éclatent de nouveaux appels à l’intervention de l’État. La commission a frappé les sucres étrangers extra-européens, les raisins secs ; elle frappera les mélasses étrangères, les amidons, les plombs ; que ne frappera-t-elle pas ?

Il est un point cependant où les protectionnistes croient triompher. Les entrées de matières premières se sont accrues de 128 millions. Nos industriels se hasarderaient-ils en des acquisitions si importantes s’ils ne prévoyaient une campagne prolongée et fructueuse de travail ? On peut malheureusement objecter que, s’il y a tant de matières premières à demander à l’étranger, c’est que le marché intérieur ne peut plus fournir à cet égard les quantités qu’il donnait autrefois, et non que nos usines soient accablées de commandes exceptionnelles. Le tableau des exportations ne le démontre que trop, puisque nous avons vendu au dehors, en juin 1894, pour 122 millions de francs d’objets fabriqués contre 146 en mai 1893, soit une diminution de 24 millions, et que les chiffres correspondans pour les six premiers mois sont 805 millions contre 875, soit une diminution de 70 millions.

Pendant les quatre premiers mois de 1894, les droits de douanes et les droits accessoires du service ont produit 189 millions contre 148 en 1893. L’augmentation est due tout entière aux outrées de céréales ; la plus-value des droits encaissés a dépassé, de ce seul chef, 45 millions.

Il semblerait que, grâce à cet accroissement de l’importation, la navigation ait dû être très active dans nos ports. Elle l’a été en effet, mais au profit du pavillon étranger. Du 1er janvier au 30 avril, il est entré dans nos ports principaux 2 124 navires français contre 2 354 dans les mois correspondans de 1893, et il en est sorti