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sainte Inquisition romaine et universelle, dont le pape lui-même est préfet et dont le secrétaire est le grand pénitencier, le cardinal Monaco La Valetta. Elle traite des crimes contre Dieu, contre les personnes et des dispenses de lois ecclésiastiques ; c’est bien vrai qu’elle existe encore, mais une invocation à Torquemada et aux bûchers d’Espagne serait, à son propos, on ne peut plus ridicule : il n’y a pas de chambre de torture dans le palais du Saint-Office : l’Inquisition ne verse plus de sang et ne jette plus de flammes. L’Index, qui est comme son appendice, condamne les livres, mais ne les brûle plus par la main du bourreau : toutefois l’Inquisition et l’Index peuvent encore être rangés au nombre des instrumens du gouvernement de l’Eglise. Les autres congrégations[1] sont religieuses et ne touchent ni de près ni de loin à la politique, ou elles n’y touchent que de très loin et d’une manière très indirecte. Il n’en est pas de même des chancelleries, de la Chancellerie apostolique proprement dite, de la Daterie, des Brefs, des Mémoriaux, des Brefs aux princes et des Lettres latines[2].

L’Eglise, qui a son droit à elle, ses lois à elle, a comme une cour d’appel, le tribunal de la Rote, composé de neuf auditeurs, dont un Autrichien, deux Espagnols et un Français. Bien que les décisions de la Rote n’entraînent aucune sanction positive, elles sont tenues on honneur par toute la chrétienté. La Révérende Chambre apostolique n’a pas survécu à la chute du pouvoir temporel ; elle s’occupait surtout de finances et de fiscalité. La Signature papale de justice n’est plus guère qu’une ombre. Les titres restent, à peu près vides de sens, mais perpétuant la mémoire d’institutions très anciennes. La Cour de Rome, la Curia, est comme un assemblage de fonctions et de dignités où, dans les mots, du moins, chaque siècle a laissé son empreinte, et dix-neuf

  1. Du Concile, des Évêques et réguliers, de la Résidence des évêques, de l’État des réguliers, de l’Immunité ecclésiastique, des Rites, du Cérémonial, des Études, des Indulgences et saintes reliques.
  2. Le chef de la Daterie est le sommiste des lettres apostoliques : la Daterie rédige, calligraphie, scelle, plombe et délivre les Bulles. À la Daterie reviennent ou revenaient les grâces expectatives, les annates, les bénéfices et les réserves ; c’est à elle qu’il faut s’adresser pour les dispenses de mariage. La charge de Pro-Dataire est une des plus enviées. Pour les Brefs, il existe une secrétairerie spéciale, avec laquelle se confond la chancellerie des ordres pontificaux de l’Éperon-d’Or et de Saint-Sylvestre, du Saint-Sépulcre, de Malte, du Christ, de Saint-Grégoire-le-Grand, de Pie IX. Les comtes romains relèvent, à leur création, de la secrétairerie des Brefs ; c’est à elle qu’ils acquittent les taxes de noblesse. Les Mémoriaux sont séparés des Brefs ; cette secrétairerie reçoit les placets, les suppliques et elle y répond. On ne peut encore omettre les secrétaireries palatines, le secrétaire des Brefs aux princes et celui des Lettres latines, chargés : l’un, de correspondre avec les rois et les personnages illustres ou constitués en dignité (ecclésiastique, souvent aussi de préparer les constitutions, allocutions et encycliques des papes ; l’autre, d’examiner les œuvres pour lesquelles est sollicitée l’approbation du Saint-Père. de les lui présenter et de remercier en son nom, dans les formes consacrées. Voy, F. Grimaldi, Le Congregazioni della S. Chiesa romana.