aux jeunes semis de blé peu vigoureux, une légère fumure de sels ammoniacaux. Dans la plupart des cas cependant, l’épandage du printemps est plus efficace.
Il n’est pas indifférent d’employer sur un sol quelconque du nitrate de soude ou du sulfate d’ammoniaque : le premier convient aux terres sèches, calcaires, le second aux terres humides et argileuses. On cite dans les cours de chimie agricole une très jolie observation recueillie à Woburn en Angleterre, par M. Warington ; en 1882, saison humide, la récolte de blé la plus forte, s’élevant à 39 hlit, 23 à l’hectare, fut obtenue à l’aide du sulfate d’ammoniaque ; une dose de nitrate de soude renfermant la même quantité d’azote que le sulfate d’ammoniaque avait donné seulement 32 hlit, 24. En 1887, pendant une année sèche, les rendemens furent exactement inverses : le nitrate de soude donna 39 hlit, 46, et le sulfate d’ammoniaque 32 hlit, 92. Il est clair que le praticien qui répand les engrais chimiques sur du blé au mois de mars ne sait pas quelle saison se prépare et s’il aura à souffrir de l’humidité ou de la sécheresse ; mais, il connaît sa terre. Si elle est forte, qu’elle retienne bien l’eau, qu’elle fournisse les meilleures récoltes pendant les années chaudes et sèches, c’est le sulfate d’ammoniaque qui convient ; si, au contraire, la terre est filtrante, qu’on réussisse mieux quand la pluie est abondante que lorsqu’elle est rare, c’est le nitrate de soude qu’il faut employer.
Dans tous les cas, il faut se garder des doses excessives : elles déterminent une végétation herbacée du blé qui retarde la maturation et prédispose à la verse ; elles maintiennent vertes les betteraves à l’arrière-saison et diminuent leur teneur en sucre. Il y a rarement avantage à dépasser 300 kilos à l’hectare, de 100 à 150 kilos suffisent habituellement.
Contrairement au fumier de ferme, qui soutient la végétation plusieurs années après son épandage, les engrais chimiques ne marquent que l’année même où ils ont été employés. Si leur effet a été peu sensible, qu’une pluie intempestive ait entraîné le nitrate de soude dès le premier printemps, qu’une sécheresse prolongée ait empêché l’assimilation du sulfate d’ammoniaque, il faut se résigner à les considérer comme perdus et ne pas espérer qu’ils exerceront la moindre action l’année suivante ; les résidus qu’ils ont laissés dans le sol disparaîtront pendant l’hiver ; aussi ces engrais ne doivent-ils servir qu’à compléter les fumures organiques. Un fermier qui n’a pas assez de fumier pour couvrir toute la surface à ensemencer fait plus sagement de distribuer une petite fumure de fumier à toute cette surface et de compléter avec des engrais chimiques, que de répandre tout son fumier sur un champ et tous