inconnues il y a trente ans, dont les transformations de l’industrie ont d’abord suggéré l’idée, et vont bientôt imposer l’usage. Le fondateur de la Belle Jardinière, Parissot, laissa une somme de 600 000 francs, accrue depuis lors, dont la rente devait servir à pensionner ses plus anciens ouvriers. La caisse de secours qui, à la Samaritaine, n’est encore que la poche du patron, est organisée au Printemps, avec le produit des amendes. Cette dernière maison entretient, pour son personnel, deux médecins qui ont délivré, en 1893, 4 700 ordonnances. Au Louvre le service médical est assuré, non seulement par des consultations gratuites, mais par une infirmerie, et par des séjours à Villepinte ou Saint-Germain pour les demoiselles malades. Les retraites sont facilitées par le versement d’une somme de 1 000 francs, que fait le magasin au profit de chaque employé comptant sept années de services et ensuite de 200 francs par an jusqu’à sa cinquantième année. La mesure est récente et, jusqu’à l’entrée en fonctions de M. Honoré, le directeur actuel, l’instabilité du personnel avait été assez grande au Louvre. Cependant le magasin a déjà déboursé de ce chef 1 750 000 francs.
Au Bon Marché, M. Boucicaut, afin d’assurer à ses commis un petit capital, institua, dès 1876, une Caisse de prévoyance, à laquelle ses successeurs reconnaissans ont donné son nom. Entretenue par des libéralités annuelles de près de 200 000 francs, cette caisse a déjà distribué 730 000 francs et possède en outre un capital de 2 millions, propriété d’environ 2 000 employés. Digne émule de son mari, Mme Boucicaut créa à son tour une Caisse des retraites, à laquelle vingt ans de services et cinquante ans d’âge donnent droit de participer. Elle la dota de 5 millions, aujourd’hui portés à 6 par l’accumulation des intérêts, bien que déjà une centaine d’anciens employés reçoivent pour 90 000 francs de pensions annuelles. Nulle part, sauf en quelques compagnies minières, on n’a montré un tel souci de l’avenir. Comme il arrive en pareil cas, le traitement dont ce personnel du Bon Marché a été l’objet profite indirectement aux employés de toute la nouveauté et même à ceux du petit commerce ; la loi de la concurrence oblige l’ensemble des patrons à suivre, de plus ou moins loin, l’exemple donné par l’un d’eux.
Il est vrai que, si la besogne est mieux rémunérée dans le nouveau commerce, elle est plus active. C’est une loi du monde moderne ; on la constate pareillement dans l’industrie. Ces magasins, qui occupent 3 000 individus, manquent de personnel à certaines heures de la journée ; on doit quelquefois faire queue à la Belle Jardinière pour acheter un pantalon, comme aux guichets