est nécessaire pour porter au compte particulier de chaque rayon les sommes qui lui appartiennent, et au compte particulier de chaque vendeur du rayon le montant des commissions auxquelles il a droit.
Pour rendre plus aisé ce dépouillement des livres-brouillons, chacune de leurs pages est divisée en une cinquantaine de petites colonnes, portant en tête une lettre de l’alphabet qui désigne le rayon : B signifie mercerie, B F laines et tapisseries, B M vêtemens pour fillettes, etc. La comptabilité centrale porte au crédit de chaque comptoir les sommes qui lui reviennent, mais non pas les objets auxquels ces sommes se rapportent. La diversité des modes de vente — verbales ou par lettres, — celle des modes de livraison ou de paiement — par avance, ou à réception, ou contre remboursement — comporte déjà un détail infini. Les colis destinés à être livrés par les voitures sont concentrés au « départ ». Au Louvre l’ingénieur a réalisé, pour cette concentration automatique, le dernier mot du progrès.
Il a imaginé un système de coulisseaux inclinés et tournans, pour les descentes, communiquant, dans les parties planes, avec des toiles sans fin actionnées par un moteur électrique. Les cartons, caisses et ballots de toute sorte, une fois ficelés et munis de leur adresse en évidence, se camionnent tout seuls depuis le point le plus éloigné de l’immeuble, où le garçon de magasin les abandonne à eux-mêmes, jusqu’au sous-sol d’expédition situé à l’angle de la rue de Rivoli et de la place du Palais-Royal. Ainsi l’objet vendu au troisième étage près de la rue Croix-des-Petits-Champs, glisse d’abord au second où il tombe sur une toile mouvante qui le promène le long de la rue Saint-Honoré. Continuant sa marche, il descend au premier sur une autre toile qui le conduit s’enfourner dans un couloir en spirale, lequel le verse au rez-de-chaussée d’où il débouche dans le coulisseau final, celui qui aboutit à la table de triage. Il était parti seul, comme un voyageur qui monte en wagon à Brest pour venir à Paris. En route il a rencontré des camarades, venus de tous les comptoirs qu’il a traversés, parce que ces toiles et ces coulisseaux s’embranchent les uns dans les autres. Ces colis-voyageurs se succèdent sans interruption et, le dernier coulisseau étant à pente très rapide, ils arrivent très vite comme des gens pressés. Un carton à chapeau précède une douzaine de chemises ; quelques paires de gants filent derrière, discrètes et minces ; un gros rouleau de sparterie les suit, moins à l’aise et comme essoufflé de sa course. Ces paquets semblent vivre, ils ont l’air de savoir où ils vont.
La tablette de bois sur laquelle ils se trouvent posés en arrivant est une sorte de piste circulaire mouvante ; les paquets se