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Braun, il se trouve un projet primitif de cette partie de la Disputa avec une architecture beaucoup plus développée et qui marque encore plus nettement l’intention, — intention superbe : la Sainte Trinité, la milice céleste et toute la chrétienté des siècles passés, sont invoquées en témoins de la grande entreprise du pape ! Il n’est pas sans intérêt de rappeler que, dans la célèbre fresque du XIVe siècle de la chapelle des Espagnols, à Florence, l’Église militante se dessine également sur les masses imposantes d’une cathédrale encore en construction, le dôme de Santa Maria del Fiore ; mais là doit s’arrêter toute comparaison entre le récit du cappellone — récit ingénu, épisodique, novelliste — et la page inspirée et sublime de notre Stanza,


poema sacro
Al quale ha posto mano e cielo e terra


Le ciel et la terre, le monde visible et le monde surnaturel, rarement artiste a réussi à les comprendre dans un même cadre, sans scinder le tableau et faire œuvre disparate : Raphaël, lui aussi, est venu plus d’une fois s’échouer contre cet écueil. Voyez, par exemple, son Couronnement et sa Transfiguration qui sont à quelques pas de nous, à la Pinacothèque : dans l’une comme dans l’autre de ces œuvres, vous serez forcé de reconnaître la même solution de continuité ; à l’une comme à l’autre manque le trait d’union indispensable, et si difficile à trouver, entre la vision en haut et la scène terrestre en dessous. Mais il ne manque pas à la Dispute ! Le trait d’union, — trait de génie dont on ne saurait assez méditer la profondeur, — il est là, dans cet ostensoir placé sur l’autel avec le Saint-Sacrement. Le mystère le plus auguste de notre culte vous apparaît ici comme la continuation et le prolongement en ligne directe, perpendiculaire, du mystère suprême de la Sainte Trinité qui occupe la partie supérieure de la fresque ; en ligne horizontale, il forme le point de mire et le point d’attraction des groupes des fidèles : il est effectivement le point central de toute la composition.

On a défini la Cène de Léonard de Vinci « l’action multiple d’une parole sur une réunion d’hommes « : dans la Dispute, vous voyez l’action multiple d’un dogme sur une assemblée de croyans. C’est une symphonie spirituelle et mystique dont l’accord fondamental est donné par les quatre figures les plus rapprochées de l’autel, les quatre grands docteurs de l’Église. Saint Grégoire contemple le mystère dans un recueillement heureux ; saint Jérôme est plongé dans la méditation d’un texte sacré qui s’y rapporte ; saint Ambroise s’oublie complètement dans l’extase, tandis que