forces se neutralisent, et il n’en reste plus qu’une seule active, l’égoïsme. Il faut cependant ici faire la part de l’exagération. Comment distinguer les effets imputables au mélange des sangs et ceux qui proviennent de deux éducations contradictoires, celle du père et celle de la mère ? Le plus souvent, c’est quelque aventurier européen qui épouse une femme de race noire ou jaune ; l’influence du père n’est pas toujours bonne ; l’influence de la mère, dont la religion est toute différente, ajoute un élément perturbateur. Comment se reconnaître au milieu d’un problème si complexe, à la fois physique et mental ? L’union de l’Anglais et de l’Hindou actuel, dit Bagehot, donne un produit qui n’est pas seulement entre deux races, mais entre deux morales ; « ceux qui ont cette origine n’ont pas de croyance héréditaire, pas de place marquée pour eux dans le monde ; ils n’ont aucun de ces sentimens bien arrêtés qui sont le soutien de la nature humaine. » Comment en auraient-ils, avec un père chrétien, une mère vichnouvite ? De même pour l’union de l’Espagnol avec le nègre et l’Indien.
C’est au mauvais résultat produit par le croisement de races trop inégalement développées que le docteur G. Le Bon attribue l’existence tourmentée des républiques hispano-américaines et la fréquence de leurs révolutions. Pareillement, selon lui, ce ne sont pas les prouesses guerrières des barbares qui furent la principale cause de la chute de l’empire romain ; ce fut, outre l’accroissement énorme des taxes, le déclin de la race dominante et la montée de races encore inférieures dans le sein même de l’empire ; ce fut le brusque mélange des anciens Romains avec les étrangers. — Oui, mais ce n’était pas seulement un mélange physiologique, c’était encore et surtout un pêle-mêle psychologique et moral.
Voici donc tout ce qu’il est permis de conclure : dans l’état ; actuel des races, il y a des limites, tenant à l’organisation et à l’orientation cérébrales, que les races inférieures ne sauraient franchir assez vite, soit par l’éducation, soit par les croisemens, pour rejoindre à temps les races supérieures. Celles-ci forment, jusqu’à nouvel ordre, une aristocratie naturelle au sein de l’humanité.
Nous avons vu le passé et le présent des races, ainsi que les lois de leur évolution ; reste à savoir si on peut en tirer quelques prévisions sur leur avenir. Le problème des races ne prend-il pas, à une époque de transition comme la nôtre, une forme des plus complexes et des plus graves ?
Trois hypothèses sont possibles. Ou le mélange final des races blanche, jaune et noire ; ou leur coexistence parallèle en trois