à la côte occidentale d’Afrique et reçut, le 19 mai 1884, l’ordre de s’embarquer sans délai à Lisbonne. Il fallait agir avec d’autant plus de promptitude et d’énergie que l’Angleterre avait des visées sur cette côte. Elle y avait même pris pied en un point qu’elle s’était fait céder en 1837 par le roi de Bembia. En ce point, qu’on avait nommé Victoria, le missionnaire Saker avait fondé en 1858 une station de missionnaires qu’entretenait et subventionnait la Société baptiste de Londres. Le premier qui avait atteint la cime du Cameroun était le capitaine Burton, qui y avait arboré en 1861 le drapeau de la Grande-Bretagne. Depuis, les agens consulaires anglais envoyés dans la contrée, et notamment le dernier, M. Hewet, n’avaient cessé de solliciter le Foreign-Office de reconnaître les faits accomplis et de leur donner une sanction par la déclaration officielle du protectorat anglais sur tout le littoral. Aux sollicitations des agens consulaires se joignaient les efforts des missionnaires baptistes et les désirs des indigènes, qui dans ces derniers temps avaient revêtu le caractère de manifestations publiques. Mais, malgré ces invitations et leur caractère pressant, le cabinet de Londres ne voulait pas se prononcer. M. Gladstone, alors au ministère, avait abandonné la politique « impériale » inaugurée par Beaconsfield, et, fidèle aux traditions de l’école de Manchester, entendait ne dépenser pour l’extension de l’empire colonial britannique ni un soldat ni un écu. Volontiers même il abandonnait certaines portions de cet empire récemment annexées sous le ministère de son prédécesseur. Dans l’Afrique australe, à la suite de la bataille de Majuba-Hill, il avait accordé au Transwaal une sorte de demi-indépendance ; en Asie, il faisait retirer les troupes anglaises de l’Afghanistan, et ne voulait plus garder les territoires que lord Beaconsfield avait cherché à incorporer à l’Inde pour donner à cette dernière ce qu’on appelait alors une frontière scientifique. Sur la côte occidentale d’Afrique, les pétitions annexionnistes des indigènes et de ses nationaux le laissaient indifférent. Il ne fallut rien moins que le départ de Nachtigal pour le forcer à prendre une décision. Alors seulement fut donné au consul Hewet l’ordre de prendre possession immédiate de la côte au nom de l’Angleterre. Hewet s’embarqua sur-le-champ, fit toute diligence, mais ne put arriver en vue du Cameroun que le 19 juillet. Nachtigal y était depuis le 15. Sans perdre une minute, le commissaire allemand avait convoqué les chefs indigènes amis et cliens des maisons allemandes, conclu avec eux des traités et fait accepter le protectorat allemand. Tout avait été terminé le jour même à minuit. Hewet ne put que remettre à Nachtigal une protestation dans laquelle il réservait les droits antérieurs de l’Angleterre sur
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