Dans les dernières années de l’ancien régime, de 1775 à 1790, le sol parisien se payait 50 centimes le mètre rue Blomet, à Vaugirard ; 2 francs dans le quartier Monceau, près la rue de Courcelles d’aujourd’hui ; 3 francs derrière l’Observatoire, près la barrière Saint-Michel. Il valait 11 francs dans la rue de la Chaussée-d’Antin, 15 francs dans la grande rue du Roule, suite du faubourg Saint-Honoré, 38 francs au faubourg Montmartre, 45 francs rue de l’Université près la rue de Bellechasse, et 62 francs dans la rue des Filles-Saint-Thomas.
J’ai retracé, dans un article précédent, l’histoire, depuis le moyen âge jusqu’aux temps modernes, de quelques hectares de terrain situés sur l’emplacement actuel de l’Opéra, de la rue de la Ville-l’Évêque, du faubourg Montmartre. De semblables exemples ne manqueraient pas dans les divers quartiers de Paris. Il en est un qui, par l’ampleur de sa surface, mérite d’être cité : celui d’une ferme de 83 hectares que possédait l’Hôtel-Dieu en 1529 sur l’espace aujourd’hui occupé par les jardins du Luxembourg, l’Observatoire et leurs environs. Au XVe siècle, un semblable domaine avait pu valoir 20 000 francs ; au XVIe, il valut 460 000 francs maximum, et aujourd’hui, à 200 francs le mètre, il représenterait un capital de 166 millions de francs. Peut-être faudrait-il, pour trouver une hausse analogue sur une aussi large échelle, aller jusqu’à Londres, où Hyde-Park, qui correspond à nos Champs-Elysées et à nos Tuileries réunis, acheté par la Chambre des communes, en 1652, à un marchand du nom de Wilcox, pour 425 000 fr. (£17 000), vaudrait aujourd’hui sans doute 200 millions au moins s’il était mis en vente.
De 1790 à nos jours l’augmentation des maisons parisiennes, qui, malgré son activité sous le règne de Louis XVI, avait été peu sensible pour l’ensemble du XVIIIe siècle, comparativement aux cent années précédentes, a repris avec une ardeur extrême. La valeur moyenne des immeubles de la capitale avait été de 40 000 francs environ entre 1701 et 1800 ; elle est aujourd’hui de 130 000 francs dans l’ensemble des vingt arrondissemens urbains. Mais nous ne pouvons mettre en regard de ces vingt arrondissemens le Paris de Louis XV, qui en contenait à peine dix.
Seuls, ces dix premiers arrondissemens, auxquels se bornait, il y a un siècle, le chef-lieu du royaume, et desquels proviennent exclusivement nos renseignemens sur la propriété bâtie, peuvent être assimilés au chef-lieu de notre république. Or, dans ces arrondissemens qui contiennent, en 1893, 28 000 maisons, valant 7 milliards 200 millions, le prix moyen d’un immeuble est de 260 000 fr. C’est donc à 200 000 francs qu’est montée notre construction de