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une maison parisienne, rue Planche-Miray, qui valait 20700 francs en 1676, ne vaut plus que 10 000 francs en 1747. Les immeubles les plus favorisés restent stationnaires ; mais jamais, à cette époque, on ne voit de ces mouvemens ascensionnels qui font revendre, par exemple, en 1662, pour 16 400 francs, un immeuble que l’on avait acheté pour 7800 francs en 1653.

Il est juste d’ailleurs de faire, dans ces variations, la part de la mode. Autrefois, comme aujourd’hui, certains quartiers ont été brusquement désertés, tandis que d’autres se peuplaient. Le Marais, nec plus ultra de l’élégance sous Louis XIII et sous Mazarin, commença à être abandonné au XVIIIe siècle. Après avoir, pendant trois siècles, poussé sa pointe d’abord vers le Nord, puis vers l’Est, Paris se dirigeait décidément vers l’Ouest, le long de la Seine sur la rive gauche et, sur la rive droite, dans le quartier de la place Vendôme. L’hôtel d’Effiat, rue Vieille-du-Temple, vendu 183 000 francs en 1634, n’était revendu que 158 000 francs en 1676 ; l’hôtel de Potier-Blérancourt, sur la place Royale, loué 4 900 francs en 1672 et 6700 francs en 1720, avait baissé à 3600 francs en 1770, tandis que l’ensemble des loyers parisiens avait plus que doublé d’une date à l’autre.

En province, à la campagne, la hausse avait été générale aussi, du milieu du XVIIIe siècle à la fin de l’ancien régime. Mais ç’a été surtout en notre siècle que s’est fait sentir avec le plus de force l’augmentation de la propriété bâtie : on pourrait citer, à Rouen, une maison de la rue Saint-Nicaise, louée 90 francs en 1780 et 500 francs en 1884 ; d’autres, dans la même ville, le long des rues aux Ours, Ad. Adam et de la Poterne, passées Dans ce même intervalle de 340 francs à 1 400 francs, de 144 francs à 1 6000 francs. Cependant l’écart n’est pas partout aussi grand : à Lille, les maisons de la rue de Paris, baillées pour 440 francs en 1713, durant la grande baisse, le sont aujourd’hui pour 1 800 à 2 000 francs, soit une plus-value de 350 pour 100 seulement depuis le commencement du règne de Louis XV.

Comparée à celle du XVIe siècle, la valeur de la propriété bâtie au XVIIe siècle accuse une hausse très notable, principalement à Paris ; mais cette valeur de 1601 à 1700, mise en regard des prix de vente et de loyer de 1701 à 1800, ne fait ressortir qu’une augmentation d’un tiers dans la capitale et d’un quart dans les villes de province et à la campagne. Cela tient à la crise que nous venons de signaler qui se produisit aux environs de l’année 1700 ; les chiffres du règne de Henri IV sont évidemment bien inférieurs à ceux du règne de Louis XVI : dans le premier quart du XVIIe siècle les maisons de Paris valaient 11800 francs, celles des cités de