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l’extraordinaire intervention du roi Louis II qu’il l’a dû. Mais si merveilleux que dussent être les résultats de cette intervention, un certain temps devait s’écouler pour qu’ils pussent apparaître dans leur plénitude, d’autant plus que jamais encore peut-être l’envie et la basse rancune ne s’étaient ameutées contre Wagner avec la violence que déchaîna la nouvelle situation où on le voyait monter, à tel point que, pour quelques années, le meilleur parti à prendre, c’était plutôt d’organiser le silence. On sait que Wagner lui-même en avait jugé ainsi, et que ce fut là le motif de sa retraite à Triebschen, près de Lucerne, où il vécut presque sans interruption plusieurs années, comme retiré du monde.


III

C’est pendant ces années de retraite à Triebschen que le fréquenta assidûment Frédéric Nietzsche, alors jeune professeur de philologie à l’Université de Baie. On sait que Nietzsche, après avoir été non seulement un partisan enthousiaste de Wagner, mais encore après l’avoir regardé et aimé comme un père pendant de longues années, se détourna ensuite de lui, et que cette séparation eut lieu au moment où Wagner terminait Parsifal, et où lui-même, Nietzsche, se prenait subitement de l’enthousiasme le plus inattendu pour les doctrines positivistes. On peut connaître aussi en France, par la traduction qu’en ont donnée MM. Daniel Halévy et Robert Dreyfus, l’étrange petite brochure, — étrange à tous les points de vue, — que fit paraître Nietzsche sous ce titre : Le Cas Wagner, très peu de temps avant de perdre complètement la raison. Dans cette brochure, Nietzsche attaque Wagner et son œuvre avec la dernière violence. Il consent bien que Wagner « ait augmenté à l’infini la puissance d’expression de la musique », mais malgré tout il prétend ne plus voir en lui que le génie type de la décadence, « le cabotin par excellence », ainsi qu’il dit en propre » termes. En lisant ces pages, on ne peut se défendre d’un certain effarement, quand on se rappelle ce que dix ans plus tôt le même Nietzsche écrivait sur Wagner. Mais ce petit livre porte en lui-même son explication : il est impossible en effet, à tout lecteur de bonne foi, de ne pas y reconnaître à chaque page, dans le trouble de la pensée et les sauts imprévus de la dialectique, aussi bien, dirai-je, que dans le tour épileptique de l’expression, la marque évidente du mal terrible qui devait bientôt terrasser l’auteur. Ce que je dis là du Cas Wagner, je pourrais aussi bien le dire de toutes les autres œuvres dues à Nietzsche pendant sa dernière période d’activité. On ne saurait d’ailleurs se dissimuler