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prolongée du jeune roi, son esprit distrait et nonchalant, la vénération mêlée de terreur qu’il gardait pour sa mère, — il n’y avait pas longtemps que, au dire d’Héroard, elle le fouettait encore de sa propre ; main, — tout lui faisait espérer qu’elle garderait longtemps encore l’autorité consacrée à nouveau par ce coup brillant des mariages espagnols.

Toutes les raisons qui pouvaient emplir de joie l’âme de Marie de Médicis, devaient au contraire déprimer et abattre le prince de Condé et ses partisans. Aussi, quoique le retour du roi et des reines eût lieu dans d’assez mauvaises conditions, en plein hiver, dans un pays ruiné, par des chemins boueux et interminables, quoique les troupes royales, épuisées par les fatigues, décimées par la maladie et les désertions, eussent grand’peine à garder un aspect militaire, Condé, toujours versatile et intéressé, ne songea plus qu’à tirer parti du peu de prestige qui lui restait encore pour traiter le plus avantageusement possible. L’ambassadeur d’Angleterre, par ordre de son roi, et le duc de Nevers, heureux de saisir une occasion de jouer un rôle, s’entremirent, et, le 1er janvier 1616, le roi, qui arrivait à La Rochefoucauld, en Poitou, faisait répondre à une première démarche du prince de Condé qu’il consentait à ce qu’une conférence fût ouverte pour régler les conditions de la paix.

La reine Marie de Médicis était à l’apogée de son gouvernement. On entrait dans l’année 1616, « dans cette année bissextile qui a été aussi remarquable par les mutations extraordinaires de l’air, que par les effets prodigieux qui eurent lieu dans le royaume durant tout son cours. »


II. — FIN DE LA RÉGENCE. — DISGRACE DES VIEUX MINISTRES. — LE NOUVEAU PERSONNEL.

Au début de cette année 1616, que Richelieu a tant de raisons de trouver remarquable, puisque c’est elle qui le vit arriver, pour la première fois, aux affaires, le royaume était dans un état de confusion extrême. Le roi s’attardait dans les provinces de l’Ouest, retenu par les lenteurs d’un voyage d’hiver, dont la rébellion d’un grand nombre de ses sujets faisait une pénible campagne. Accompagné de sa mère, il ramenait à Paris la jeune reine espagnole, qui ne savait trop si elle devait s’étonner davantage des rigueurs du climat ou de la froideur de son jeune et taciturne époux. Celui-ci passait tout son temps à galoper autour du cortège, chassant les oiseaux et les bêtes par la campagne. Il ne quittait pas un favori intime, dont les esprits perspicaces commençaient à étudier l’horoscope : Luynes. Nominalement, les vieux ministres,