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LES
VOYAGES D’EXPLORATION D’UN DOCTEUR ALLEMAND
DANS
LE BRÉSIL CENTRAL

Il y a dans le Brésil central des territoires immenses, qui sont encore aussi inconnus que les parties les plus inexplorées de l’Afrique. Peu de contrées ont une population moins dense et ressemblent plus à des déserts. Une des provinces de l’Amérique portugaise, le Mato-Grosso, surpasse en étendue l’Allemagne, l’Italie et la France réunies, et ne renferme qu’un peu plus de 70 000 habitans, qui pour la plupart sont des métis de blancs, d’Indiens et de nègres. Quant aux Indiens purs, vivant encore à l’état sauvage, leur nombre monte à peine à 24 000. Le Mato-Grosso ne mérite qu’à moitié son nom qui signifie : Grand-Bois. Ses vastes plateaux sont couverts d’une végétation maigre et rabougrie, et ce n’est que le long des cours d’eau que croissent les grandes forêts. Ce qui a fait jusqu’ici son importance, ce sont ses mines d’or, ses diamans et son ipécacuanha.

C’est dans les plateaux ou les campos du Mato-Grosso que le Paraguay prend sa source, et dans ces mêmes steppes naissent quelques-unes des rivières qui vont se jeter au nord dans le fleuve des Amazones. Comme l’a remarqué un géographe, la ligne de faîte est si peu accusée que telle plaine, transformée par les pluies tropicales en lagune, envoie indifféremment ses eaux au nord ou au midi.

Les affluens brésiliens du fleuve des Amazones traversent des