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à notre œil plusieurs années après avoir quitté une étoile, nous fournit sur la constitution de l’astre, sur sa marche, sur son âge, des renseignemens dont la seule possibilité déconcerte l’imagination. Toutefois, pour avoir des données exactes, il faut obtenir le spectre dans des conditions parfaitement définies, et l’usage du prisme ne permet guère d’y parvenir. Au contraire, l’appareil imaginé par Fraunhofer d’après les phénomènes de diffraction, le réseau, assure aux différens spectres une comparabilité absolue, la déviation de chaque couleur étant proportionnelle à sa longueur d’onde. Seulement les anciens réseaux étaient d’un emploi singulièrement difficile. M. Rowland a découvert le moyen d’en construire de beaucoup plus grands et plus parfaits à l’aide d’une machine spéciale qui, sur une étendue de dix centimètres, ne marque pas moins de quinze mille traits. Ce perfectionnement a été d’une très grande importance pour la spectroscopie.

M. Graham Bell, le célèbre inventeur du premier téléphone articulant, est aussi l’auteur d’un appareil très curieux, appelé par lui photophone, parce qu’il sert à transmettre les sons par l’intermédiaire d’un rayon lumineux. Appliqué à l’exploration des différentes parties du spectre, l’appareil, devenu spectrophone, pourrait rendre-de véritables services dans l’étude de la partie infra-rouge.

Si la photographie est d’origine française, elle a été dès le début l’objet de nombreuses et fécondes investigations en Amérique. Les noms des Bond, des Rutherfurd, des Draper, pour ne parler que de ceux qui ne sont plus, rappellent de remarquables progrès. Tout récemment encore, un photographe de San Francisco, M. Muybridge, invité par un propriétaire de trotteurs californiens à saisir les attitudes du cheval dans ses diverses allures, imaginait de prendre une série de photographies instantanées du cheval qui, dans sa course, rompait les uns après les autres les fils commandant électriquement les obturateurs d’une série d’appareils photographiques braqués le long de la piste. On sait comment ces expériences ont été le point de départ d’un procédé nouveau pour étudier le mouvement, la chronophotographie créée par M. Marey.

Durant ces dernières années, un ex-officier de la marine des États-Unis, M. Michelson, déjà célèbre par ses travaux en optique, venait poursuivre chez nous d’importantes recherches, ayant pour objet de rapporter l’étalon de longueur à la vibration lumineuse. Grâce aux précieuses ressources et à l’obligeant concours qu’il trouva auprès de M. Benoît, au pavillon de Breteuil, le jeune physicien américain réussit à évaluer le nombre de longueurs d’onde