classes hautes et moyennes, loin d’avoir déprimé la condition du peuple, est la cause directe, la cause mécanique de l’amélioration du sort des classes populaires. Encore une fois, nous sommes honteux d’insister sur des faits aussi patens ; mais nous y sommes condamné par les préjugés d’une partie du public. Les détracteurs du « capitalisme » ont beau dire, le capital n’est pas toujours un ogre affamé qui dévore tous les petits à sa portée ; il les nourrit de sa substance, plutôt qu’il ne s’engraisse de la leur. Ce n’est pas un arbre qui absorbe tous les sucs de la terre, épuise le sol et ne laisse rien pousser à son ombre. Au lieu de faire partout la pauvreté autour de lui, il tend plutôt à faire le bien-être, si l’on n’ose dire encore la richesse. Qui veut s’en rendre compte n’a qu’à comparer l’ouvrier italien, l’ouvrier espagnol, l’ouvrier russe, à l’ouvrier parisien, à l’ouvrier anglais, à l’ouvrier américain.
Autre vérité, trop ignorée d’en bas et trop oubliée d’en haut, vérité essentielle qu’il importe d’avoir sans cesse présente : le pouvoir de l’argent, avec la valeur du capital, décroît, à mesure que croît l’argent et que grandit la richesse. Tout au rebours, la valeur du travail va sans cesse en augmentant, à mesure que la richesse augmente. L’accroissement continu de la richesse tourne en quelque sorte contre les riches ; il se fait aux dépens du capital acquis, aux dépens des fortunes transmises en héritage, au profit du travail et de la main-d’œuvre. Le capital mobilier, en s’accumulant, tend lui-même à déprimer sa propre valeur : plus il grandit, plus son rendement baisse ; les capitaux nouveaux viennent diminuer le rapport des capitaux anciens. C’est là une des causes de la baisse du taux de l’intérêt ; la multiplication des richesses tend à réduire l’intérêt de l’argent, partant les revenus des riches. Si ce phénomène semble récent, nous en apercevons les effets partout autour de nous. L’indolent égoïsme du rentier ne gémit pas à tort : il devient, chaque jour, plus malaisé de vivre de ses rentes. Rentiers et capitalistes voient leurs revenus fléchir ; la richesse publique en croissant diminue le rendement des fortunes individuelles. Voilà encore un point par où les nouvelles fortunes mobilières et les anciennes fortunes territoriales diffèrent grandement. Avec la fortune mobilière, rien de semblable à la hausse continue de la rente de la terre, par le seul fait de l’accroissement de la population, telle que Ricardo avait osé l’ériger en loi, — avant que la vapeur et les importations des pays exotiques ne vinssent lui donner un démenti ruineux pour la propriété foncière. Ici, aucun doute : le rendement des biens mobiliers tend à décroître, à chaque génération, par suite de l’abaissement du taux de l’intérêt et de l’avilissement de l’argent. On compare