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actif seulement et plus habile. Il a fait prospérer ses affaires, réalisé des opérations avantageuses, organisé des sociétés de secours mutuels, fondé des institutions de prévoyance ; il vit en bon accord avec ses ouvriers, en dépit de quelques tiraillemens… Qu’y a-t-il dans tout cela de particulier ? Où aperçoit-on se dessiner le drame de l’aristocrate en rupture d’aristocratie ? Ce n’est que la biographie d’un usinier quelconque ; — et, qu’il règne sur le pétrole ou qu’il soit maître de forges, cela n’importe pas.

Cette marque de l’aristocrate, allons-nous enfin la retrouver dans le caractère de Roche tel qu’on nous le présente ? Ce descendant tient-il par quelque lien à ceux de qui il descend ? Car s’il ne s’y rattache en aucune manière, qu’importe quel rang ceux-ci ont occupé de par le monde et s’ils furent princes ou artisans ? — Le trait qui domine chez M. Roche c’est l’énergie. Il s’est, comme on dit, fait lui-même. Il est parti de rien. Il a conquis à la force du poignet fortune et réputation. Cette énergie se retrouve dans tous les détails de sa conduite et dans chacune de ses paroles. Il est le même dans l’intérieur de sa vie privée et dans sa vie extérieure. Qu’il s’agisse du mariage de son fils ou de la paie de ses ouvriers, il n’hésite pas davantage. Il prend son parti tout de suite et il s’y tient. Son autorité, qui peut se faire douce, mais qui ne se laisse pas discuter, s’étend à toutes choses et à toutes gens. Il est de ceux qui ont l’habitude de commander et qui partout s’imposent. Cette énergie a été mise au service d’une intelligence remarquable. Vendre du pétrole, quand on en vend beaucoup, cela demande de l’esprit. Ce n’est pas un homme médiocre que ce M. Roche ; et l’alliance de tant de facultés supérieures est en soi quelque chose de rare. — Et donc l’auteur a-t-il voulu nous donner à entendre que toutes ces brillantes qualités sont chez ce fils des preux un héritage de famille ? Serait-ce que les énergies accumulées d’une race fertile en hommes d’action éclatent sous cette forme nouvelle ? Est-ce l’âme du connétable qui revit chez le maréchal de l’industrie ? M. Lavedan a-t-il voulu nous dire que les aristocrates du nom, par une sorte de mystérieux privilège, sont aussi les aristocrates de l’intelligence, qu’ils n’ont que le tort de laisser se perdre dans l’oisiveté des dons éminens et qu’ils pourraient, s’ils le voulaient et du jour où ils s’en donneraient la peine, devenir les maîtres de la société moderne ? Ce n’est guère probable. Mais alors qu’est-ce qu’il peut bien avoir voulu dire ?… Car à mesure que nous essayons de suivre le raisonnement de l’auteur des Deux Noblesses et plus nous nous efforçons de saisir son argumentation, plus elle nous échappe.

Je crains bien que cela même ne soit arrivé à M. Lavedan, et que tel ne soit son cas. Il avait une idée, bonne ou mauvaise, et juste ou fausse, il nous restera à l’examiner. Il n’a pu lui faire prendre forme. Au moment de la traduire à la scène, elle lui a comme échappé. Alors il a