sont nécessaires. La première, c’est qu’elle trouve des acheteurs ou des acheteuses pour ses torchons, ses draps et ses chemises désinfectés. Il ne faudrait pas en effet que les objets qu’elle fait fabriquer à ses risques et périls, en faisant l’avance de la matière première et de la main-d’œuvre, finissent pas s’entasser dans les locaux de l’avenue de Versailles, faute de débouchés. Il faut en plus que la sœur Saint-Antoine trouve des auxiliaires ; voici pourquoi. Si le magasin de vente sur échantillons est rue des Saints-Pères, c’est à l’avenue de Versailles que se distribue la besogne, et que les ouvrières doivent venir chercher l’ouvrage qu’elles auront ensuite à rapporter. Or l’avenue de Versailles est à Auteuil. Se figure-t-on ce qu’est pour une ouvrière qui demeure à.la Villette, à Charonne ou aux Gobelins la nécessité de faire ce long trajet portant un lourd paquet d’une main et traînant peut-être un enfant de l’autre? Et il en arrive cependant, j’en ai vu. Je me souviens encore de la petite figure chlorotique d’une jeune veuve qui était venue chercher de l’ouvrage avec sa mère et son enfant. La mère avait les doigts enflés par le rhumatisme et ne pouvait pas travailler. Mais elle était de force à porter le gros paquet sous le poids duquel aurait ployé la jeune femme. Celle-ci se bornait à donner la main à l’enfant qu’il n’avait pas été possible de laisser seule à la maison et qui était aussi pâle que la mère. Elles s’en allaient contentes cependant, car ce gros paquet que portait la grand’mère c’était du pain pour la semaine. A les rencontrer dans leurs vêtemens noirs et propres, on les eût prises pour des petites bourgeoises qui revenaient de faire leurs achats. En réalité, c’était la misère décente dans sa silencieuse horreur.
Pour épargner aux ouvrières ces longs trajets qui sont des fatigues et des pertes de temps, il faudrait donc que la sœur Saint-Antoine eût des correspondantes dans les différens quartiers, c’est à dire des femmes charitables auxquelles les ouvrières en quête de travail pourraient s’adresser. Il faudrait que ces femmes consentissent à avoir chez elles un petit dépôt où les ouvrières viendraient prendre et rapporter l’ouvrage. Une fois ou deux par semaine, les mêmes voitures qui livrent les meubles fabriqués par les hommes aux grands magasins viendraient chercher ou déposer draps, torchons, chemises et layettes dans ces petits entrepôts. Ainsi l’œuvre en étendant son action et développant le chiffre de ses affaires pourrait devenir un véritable bienfait pour les ouvrières atteintes par le chômage. Des acheteuses, des correspondantes : voilà ce qu’il faudrait à la sœur Saint-Antoine. Puissent ces lignes lui en procurer quelques-unes.
Si maintenant des indications que j’ai données sur ces différentes œuvres d’assistance par le travail et sur leur fonctionnement,