Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 123.djvu/406

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chose, dira-t-on avec raison. C’est beaucoup cependant si cet Office central est la traduction matérielle d’une idée juste et peut devenir comme une école pratique de charité.

Enseigner à bien faire la charité, telle est en effet, sans peut-être qu’au début ses fondateurs aient eu une ambition aussi haute, la fonction principale de l’Office central, et, dans un temps où la pédagogie est si fort à la mode, il y a peu d’enseignemens plus utiles. Que reproche-t-on en effet à la charité? D’être aveugle et indistincte, de ne pas soulager les infortunes véritables, de favoriser la misère intrigante. .Parfois il y a du vrai. Quoi encore? D’être mal répartie, mal distribuée, abondante ici, défaillante là, en un mot d’opposer à un mal permanent et universel un remède inégal et capricieux, et il y a du vrai également. Mais si l’Office central pouvait aider la charité à bien placer ses aumônes et à bien diriger ses efforts, s’il devenait une sorte de bureau consultant auquel s’adresserait quiconque voudrait faire le bien et se trouverait dans l’embarras pour le bien faire n’aurait-il pas, dans l’état chaotique où se trouve la charité privée, rendu un immense service et répondu aux principales objections qu’on dirige contre elle? C’est ce que l’Office central s’est proposé de faire, et il est en train d’y réussir. Mettre celui qui veut donner en relations avec ceux qui savent donner, et celui qui a besoin avec celui qui peut satisfaire à ce besoin ; tenir à la disposition des personnes charitables, mais inexpérimentées, un bureau de renseignemens perpétuellement ouvert ; les aider à trouver le meilleur remède aux misères qui les sollicitent; rassembler d’autre part, sur les innombrables institutions charitables qui couvrent le sol de la France, des renseignemens qui permettent de s’adresser utilement à elles ; servir de trait d’union entre des œuvres qui s’ignoraient et qui peuvent se prêter aujourd’hui un mutuel concours ; constater ainsi les lacunes de la charité et pouvoir donner d’utiles conseils à ceux qui voudraient y pourvoir; en un mot régulariser, coordonner son action dans la mesure du possible, et d’aveugle, indistincte, capricieuse qu’on lui reproche d’être, la rendre méthodique, rationnelle et judicieuse, tel est le but que s’est proposé l’Office central. Je ne prétends pas que trois années d’existence lui aient suffi pour l’atteindre. Durant ces trois années, l’Office central est cependant intervenu dans 18 735 affaires différentes; il a procuré des secours sous une forme ou sous une autre à 13 463 personnes dignes d’intérêt, fourni du travail ou un emploi à 3 342, placé 1 304 vieillards ou orphelins, et réuni