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sa descente, à jamais célèbre, du Congo. Il venait de révéler l’existence d’un fleuve permettant de pénétrer jusqu’au centre de l’Afrique et baignant, à en juger d’après les combats quotidiens livrés pendant le voyage, un pays très peuplé. Utiliser cette merveilleuse voie naturelle et engager des rapports commerciaux avec les indigènes lui paraissait la conclusion nécessaire de sa découverte. Cependant, ses projets ne rencontrèrent pas en Angleterre un accueil favorable. On l’y traitait communément de « rêveur », de « don Quichotte journaliste », de « reporter à deux sous la ligne ». Il fut plus heureux en Belgique. Ses plans y furent goûtés et pour les exécuter se fonda, de nouveau sous le patronage du roi Léopold II, une société, qui prit le nom de Comité d’études du Haut-Congo. De même que l’Association internationale africaine, le Comité d’études avait des intentions philanthropiques et scientifiques, mais il avait aussi des intentions commerciales. Entre deux sociétés qui, toutes deux, servaient l’humanité et la science, mais dont l’une laissait en même temps espérer la rémunération des capitaux engagés, les souscripteurs n’hésitèrent pas longtemps. Toute la faveur alla au Comité d’études. Bien qu’un tel résultat fût tout à fait en dehors des intentions de ses fondateurs, le Comité d’études du Haut-Congo tua l’Association internationale africaine.

Stanley avait accepté le commandement de l’expédition équipée aux frais du Comité. Le 21 août 1879, il quitte Banana, à l’embouchure du Congo et remonte le fleuve. Une première station est fondée à Vivi, au pied de ce gigantesque escalier de trente-deux marches, que descend le Congo pour atteindre l’Atlantique. Au prix de fatigues inouïes [[car si cette partie de son œuvre africaine est une des moins célébrées, elle ne fut pas une des moins difficiles), il établit deux nouvelles stations à Issanghila et à Manyanga, et, au delà des chutes, atteint ce Stanley-Pool, dans lequel le Congo s’épanouit.

Les traités, conclus par M. de Brazza avec les chefs de la rive septentrionale du Pool, lui causèrent un vif désappointement. Néanmoins, comme la construction d’une station était indispensable, il passa sur la rive méridionale et, le 1er décembre 1881, il débroussait l’emplacement où bientôt s’éleva cette Léopoldville qui a joué et qui jouera un rôle si important dans l’expansion belge en Afrique.

La première étape était franchie. On était sorti de la période d’études. Le nom même de Comité d’études n’avait plus sa raison d’être. D’autre part, l’Association internationale africaine languissait. Comité d’études du Haut-Congo et Association internationale