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de celle-ci. Elle croît en conséquence avec l’importance du loyer, puisque un loyer coûteux entraîne d’ordinaire un service de domesticité plus considérable et réciproquement. On voit que la taxe est établie non sur le nombre des domestiques, mais sur le fait d’en avoir un nombre quelconque. Toutefois les contribuables qui n’ont à leur service qu’un seul domestique du sexe féminin, ne seront assujettis qu’à 20 p. 100 de leur taxe de loyer.

M. Burdeau a établi ses prévisions de telle sorte que la suppression de l’impôt personnel et mobilier et de l’impôt sur les portes et fenêtres soit exactement compensée par l’augmentation de l’impôt sur la propriété bâtie et par l’établissement de la taxe sur les loyers, et que la plus-value attendue de 15 millions provienne toute de la taxe sur les domestiques.

Le ministre des finances n’a pas voulu dresser un budget impitoyable et demander à de nouveaux sacrifices imposés aux contribuables les 50 millions qui lui manquaient encore. Il a mieux aimé inscrire dans ses prévisions 50 millions de moins au chapitre des garanties d’intérêt aux chemins de fer et rejeter cette charge sur la dette flottante, puis conclure avec deux grandes Compagnies, l’Orléans et le Midi, une convention aux termes de laquelle ces Compagnies émettront, pour 300 millions de francs, des obligations avec le produit desquelles elles se déchargeront de leur dette antérieure de garantie à l’égard du Trésor. Le gouvernement appliquera une partie de ces fonds à l’acquittement en 1895 des garanties non portées au budget; le solde allégera d’autant la dette flottante.

Ce qui est grave dans ces comptes budgétaires, c’est l’irrésistible mouvement qui, en dépit des plus énergiques résistances, pousse toujours plus haut le total des dépenses publiques. Pour trouver dans notre budget de sérieuses économies, il faudrait bouleverser l’administration. En revanche les accroissemens de dépenses s’imposent chaque année avec un tel caractère d’implacable nécessité qu’aucun ministre des finances ne pourrait se flatter d’enrayer la force d’un tel courant.

Car toutes ces dépenses nouvelles sont justifiées. Il n’en est aucune qui n’ait sa raison d’être et ne doive trouver sa place dans le compte général. Il y a d’abord les augmentations inévitables de traitemens (instituteurs, employés des postes et télégraphes, etc.), puis l’application des lois sur l’assistance ouvrière, l’extension de l’enseignement primaire, la création d’un ministère des colonies et d’une armée coloniale, les chemins de fer au Tonkin, le renforcement des garnisons à Madagascar, la charge toujours