caravelles de Christophe Colomb ont correctement suivi la loxodromie ?
Du reste, les confirmations les plus saisissantes étaient réservées aux formules de Fresnel.
Poisson, qui tenait pour la théorie de l’émission, déduisit de ces formules la conséquence suivante, qu’il communiqua à l’Académie des sciences : lorsqu’un point lumineux éclaire un petit écran circulaire, le centre de l’ombre portée par l’écran est aussi vivement éclairé que si l’écran était enlevé ; le sens commun n’exigeait-il pas le rejet d’une théorie qui conduisait à une pareille conséquence ? À la séance suivante, Arago montrait aux académiciens un écran circulaire éclairé par un point lumineux ; au centre de l’ombre portée, une tache brillante attirait leurs yeux étonnés ; les formules de Fresnel avaient raison du sens commun.
De pareils triomphes semblaient capables de vaincre les convictions les plus fortes ou les préventions les plus obstinées à l’encontre de la théorie des ondulations ; et, de fait, beaucoup se rendaient, persuadés par la fécondité des idées de Fresnel qui, chaque jour, faisaient découvrir quelque loi admirable ou quelque phénomène surprenant ; plusieurs, cependant, demeuraient inébranlables, et parmi eux était Biot, l’infatigable observateur auquel l’optique devait tant d’importantes recherches ; à chaque trouvaille que suggérait à Fresnel la théorie des ondulations, Biot opposait une explication arrachée à la théorie de l’émission, qu’il compliquait et torturait chaque jour davantage ; qui peut, en effet, mesurer la ténacité et démêler la ruse avec lesquelles un savant soutient le système longtemps admis sans conteste, le système que ses propres travaux ont enrichi, le jour où des doctrines nouvelles en viennent saper les fondemens ?
L’esprit sagace d’Arago découvrit sans peine l’épreuve décisive capable de réduire à tout jamais au silence ceux qui tenaient pour l’hypothèse de l’émission.
Huygens, après Fermat, avait annoncé que l’indice de réfraction de la lumière passant d’un premier milieu dans un second est le rapport de sa vitesse dans le premier milieu à sa vitesse dans le second ; la lumière se meut donc plus vite dans un milieu moins réfringent que dans un milieu plus réfringent, plus vite dans l’air que dans l’eau ; Newton, au contraire, affirmait que ce même indice de réfraction s’obtient en divisant la vitesse des projectiles lumineux dans le second milieu par la vitesse de ces corpuscules dans le premier ; la lumière se meut donc plus vite dans un milieu plus réfringent que dans un milieu moins réfringent, plus vite dans l’eau que dans l’air. Que l’on compare