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beaucoup d’erreurs dans cette étude consciencieuse de la locomotion, ses définitions sont beaucoup plus justes que celles de Newcastle et de tous les écuyers précédens.

C’est par le trot, dit La Guérinière, qu’il faut commencer le dressage du jeune cheval, afin de lui dégourdir les membres et de le rendre léger à la main. A cet effet, on lui mettra tout d’abord un caveçon auquel on attachera une longe ou longue corde de la grosseur du petit doigt et on le fera trotter en cercle à droite et à gauche, un homme tenant la longe au centre du cercle, un autre suivant l’animal et le chassant en avant avec la chambrière. Ensuite, on monte le cheval, on lui fait répéter le même travail, toujours avec l’aide de la longe et de la chambrière, et on l’habitue ainsi graduellement à céder aux rênes et aux jambes. On le met alors au pas le long du mur du manège et, quand il obéit facilement, on enlève la longe et le cavalier le dirige seul, d’abord au pas, sur la ligne droite, puis au trot, réglant de mieux en mieux son allure, le faisant tourner à droite et à gauche. Si l’on rencontre quelque résistance, on revient au travail à la longe. Après avoir fait des arrêts, des départs et quelques pas de reculer, La Guérinière passe aussitôt à la leçon de l’épaule en dedans, qui est, dit-il, « la plus utile de toutes celles qu’on doit employer pour assouplir les chevaux » et qu’on exécute le long du mur du manège, en se servant de la rêne et de la jambe du dedans. C’est là le point capital de sa méthode.

Ensuite il passe à la croupe au mur, ne voulant pas qu’on commence par la tête au mur, qui aurait de grands inconvéniens, et, là seulement, il commence à donner le pli du côté de la marche.

Il se déclare alors partisan des piliers, non seulement pour découvrir la ressource, la vigueur, la gentillesse, la légèreté ; et la disposition d’un cheval, mais encore comme un moyen de donner ces dernières qualités à ceux qui en sont privés.

Quand le cheval a acquis la première souplesse ; au trot d’une piste, sur la ligne droite et sur les cercles, qu’il obéit bien aux talons, on le met au passage, la première allure, dit La Guérinière, qui regarde la justesse ; et ce n’est qu’en dernier lieu qu’on s’occupe du galop et des airs relevés. L’auteur donne ensuite d’excellens préceptes pour le dressage et la conduite des chevaux de guerre et de chasse. Il blâme les gens qui pensent que la façon de dresser ces chevaux est opposée aux règles du manège : « Une opinion si mal fondée et malheureusement trop générale fait négliger les vrais principes. N’ayant donc pour guide que la fausse pratique de ceux qui ont fait naître et qui favorisent cette erreur, on n’acquiert qu’une fermeté sans grâce et une exécution forcée et sans fondement. Pourrait-on, avec un peu de jugement, avancer