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LE
MINISTÈRE ALTENSTEIN-DOHNA
ET LA
RENTRÉE DE HARDENBERG
(1809-1810)

Lorsque, au début de 1809 la crise nouvelle que l’Europe attendait depuis quelque temps déjà sembla se rapprocher, il parut dès l’abord assez probable que l’on n’assisterait plus cette fois à une guerre de coalition, mais à un duel entre la France et l’Autriche ; et que l’Europe serait impuissante à rapprocher, même dans un assemblage, apparent et boiteux, ses membres disloqués.

La Prusse était presque aussi bas qu’en 1807. Ses premiers efforts de relèvement n’avaient point abouti. Stein venait de prendre le chemin de l’exil, et sa chute apparaissait, non point seulement comme un revirement décisif de l’histoire intérieure de la Prusse, mais comme un événement européen ; comme la banqueroute d’un grand projet d’insurrection européenne. En y regardant de plus près aujourd’hui, l’on ne saurait admettre qu’il ait dépendu alors du gouvernement prussien, même dirigé par un homme comme Stein, de soulever et d’affranchir l’Europe centrale. L’heure n’était pas venue où de semblables entreprises pouvaient être tentées et réussir ; la situation du continent ne s’y prêtait pas encore ; et sans être fataliste, l’on peut assurer que l’insuccès de