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le Gard, le paysan des environs de Paris ne peut guère consacrer moins d’une vingtaine de francs à son loyer, il paie même 50 francs à Gentilly et à Boissy-Saint-Léger.

La valeur vénale de ces maisons des villages et des bourgs se tenait, à la même époque, dans l’Ile-de-France et la Normandie, de 50 à 450 francs ; en Bourgogne et en Franche-Comté, les chiffres sont compris entre 40 et 100 francs ; en Languedoc et Comtat-Venaissin, entre 45 et 240 francs ; ils vont, en Dauphiné, de 23 francs, prix que la commune de Chantemerle paie le « refuge des pauvres », à 655 francs à Grignan, prix d’une « belle maison avec cour, précour, tours et passage » sur la grand’place (1594).

Il est, à ce dernier échelon de la propriété bâtie où la fantaisie n’a pour ainsi dire point de part, beaucoup moins de diversité que dans les villes d’un pays à l’autre et d’une maison à l’autre. Chaque immeuble ici se rapproche toujours beaucoup, dans son prix de vente, de la somme qu’il coûterait à construire ; et le changement du pouvoir de l’argent sur les matériaux et les salaires est à peu près la seule cause qui ait influencé le cours des bâtimens champêtres de Philippe-Auguste à Henri IV.

Au contraire, depuis le XVIIe siècle jusqu’à nos jours, à cette première cause d’augmentation est venue s’en ajouter une autre : l’amélioration de ces bâtimens. Nos bourgs, nos villages même, ne contiennent plus seulement des chaumières, mais une foule de petites demeures coquettes. C’est ainsi que les maisons de cette catégorie qui se louaient 12 francs au XVIe siècle, c’est-à-dire 42 de nos francs actuels, sont arrivées en 1893 à se louer 91 francs dans les localités de 5 000 habitans et au-dessus, et 71 francs dans les communes rurales inférieures à 2 000 âmes.


Ve G. D’AVENEL.