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logis du moyen âge, comparés aux nôtres, leur sont de tout point inférieurs.

À Paris, dans la première moitié du XIIIe siècle, la maison la plus chère dont j’aie relevé le prix est celle du chantre de Notre-Dame, rue de la Parcheminerie : 2720 francs en 1225 ; la moins chère est celle d’un boucher de la rue du Sablon : 300 francs en 1235. Quant aux loyers annuels, le plus bas est de 9 francs rue Notre-Dame (1179). À l’avènement de saint Louis, les maisons de 12 francs de loyer ne sont pas rares (1225), mais elles occupent le dernier rang des immeubles de l’époque. Aux alentours de la porte Baudoyer, il est des locations de 150 francs. La rue de la Saunerie offre des types, évidemment plus cossus, à 450 et 800 francs de loyer (1246). La moyenne des bâtimens qui nous sont connus accuse, pour la période 1200-1250, un prix de vente de 1 500 francs et un chiffre de loyer de 123 francs par maison.

La valeur locative de 1893 étant en moyenne de 7 000 francs et la valeur vénale de 130 000 francs, on en pourrait conclure, si les deux constructions n’étaient pas énormément différentes, que notre maison parisienne coûte 83 lois plus cher et, en tenant compte du pouvoir plus que quadruple de l’argent, 20 fois plus cher aujourd’hui que du temps de saint Louis.

De 1251 à 1300 ces prix augmentèrent du reste de plus de moitié : 2500 francs de valeur et 212 francs de revenu en moyenne. L’hôtel de la comtesse d’Artois, près la porte Saint-Eustache, demeure seigneuriale où habitera plus tard Jean sans Peur, avait été acheté, en 1270, 52 500 francs. Il s’agit ici de quelque palais ; car non loin île là, rue Montmartre, en dehors des murs, on trouve une maison, en 1260, avec 3 400 mètres de terrain, pour 4 000 francs. Toutefois, au cœur de la ville, l’une de ces étroites bâtisses « avec cour », situées sur le Polit-Pont, se vend déjà 18 000 francs (1254). Ce n’est pas que le bourgeois, l’ouvrier, ne puisse encore se loger à bon marché : si les maisons des rues de la Harpe, de la Lanterne ou de Notre-Dame se louent 300 et 350 francs, un homme d’armes paie 200 francs de loyer rue de la Calandre, un charpentier en paie 150 rue Zacharie (1284). Le long des rues Saint-Denis, Saint-Landry et Froger-l’Asnier, qui sont cependant des artères en vogue, il existe des maisons à 100 francs par an ; on en offre à 41 francs rue de la Colombe (1263), et si l’on se contente d’un étage de maison, dans la rue Pavée (1286) on pourra se le procurer pour 7 francs.

Dans cette même rue Pavée, que son nom semble désigner à l’attention des amis du progrès, comme ayant joui de bonne heure d’un revêtement de grès taillé, innovation qui était au