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en 1476-1500, tombe à 264 francs en 1501-1525. À cette époque la moyenne de l’hectare labourable, en France, était de 97 et 95 francs ; il n’y avait donc qu’une différence du simple au triple, entre un morceau quelconque du sol cultivé dans le royaume, et le même morceau dans la superficie actuelle de la capitale. Aujourd’hui où la moyenne française est de 1 600 francs et la moyenne parisienne de 1 300 000 francs, cette dernière est 812 fois plus élevée que l’autre.

De 650 francs, au XIIIe siècle, l’hectare parisien avait baissé à 244 francs au XVe siècle, c’est-à-dire de 60 pour 100 de sa valeur ancienne et à peu près dans la même proportion que l’hectare français. La moyenne des vingt-cinq premières années du XVIe siècle n’est que de 264 francs ; celle du XVIe siècle, dans son ensemble, est de 5 700 francs ; c’est dire que de 1526 à 1600, et sur tout à partir de 1540, les prix furent emportés dans un mouvement d’une rapidité inouïe. Je ne parle pas de ces terrains situés au centre de la ville, en pleine activité des affaires, qui ont de tout temps été recherchés : le mètre carré, près du Petit-Pont, se vend 8 fr. 25 en 1543. Mais le sol, même extra muros, trouve amateur à des chiffres que rien, aux précédens siècles, ne pouvait faire prévoir. Les murs, il est vrai, se rapprochent ; Paris grossit ; dans toutes les directions partent des faubourgs, le long desquels on bâtira, à bon marché souvent : si, le long de la grande rue de Charenton, le mètre vaut 1 fr, 50 (1556), parce qu’il s’agit d’un petit espace de 60 mètres avec façade, on acquiert 63 ares dans le faubourg Saint-Victor sur la base de 7 centimes le mètre (1598) ; dans le faubourg du Roule, trois hectares avec maison d’habitation sont vendus à raison de 13 centimes le mètre (1581), et une ferme, dans le faubourg Montmartre, l’est à raison de 20 centimes en 1589.

Il est toutefois des quartiers beaucoup plus chers : le Pré-aux-Clercs, notamment, ce vieux domaine de l’Université, qui comprend un bon morceau du faubourg Saint-Germain et que l’on commence à morceler sous Henri II. Le long de la Seine, entre le Pont des Arts et le Pont-Royal, le terrain vaut 29 centimes le mètre en 1543, 36 centimes en 1565, 95 centimes en 1588. Sur l’emplacement des rues Jacob, du Vieux-Colombier et Mazarine, on paye jusqu’à 2 francs et 2 fr. 75 le mètre vers 1550. Grâce à ces chiffres extraordinaires, la moyenne du terrain parisien au XVIe siècle est 24 fois plus élevée que celle du XVe siècle (57 centimes le mètre au lieu de 2 centimes et demi) ; elle est 9 fois plus forte que celle du XIIIe siècle (6 centimes et demi), la plus haute pourtant de tout le moyen âge.

Mais combien ils paraissent dérisoires à leur tour, ces prix de